Nous le disons tous les jours : la création par IA est un vivier inépuisable d’inventivité. Pas étonnant donc que les jeunes artistes ou les marques tentent d’explorer les possibilités de ces nouveaux outils, quitte à glisser deux ou trois messages subliminaux dans le lot.
C’est une des grandes controverses de ces dernières décennies : afin de booster les ventes d’un produit sans que le consommateur ne s’en aperçoive, les publicitaires chercheraient à dissimuler dans leurs campagnes des messages cachés. Véritable obsession collective, les messages subliminaux ont toujours fait l’objet de nombreuses rumeurs et légendes urbaines, notamment dans les années 1950 et 1960, où les publicités étaient régulièrement accusées de pousser les gens à la violence ou à l’achat.
Bien que cette pratique soit extrêmement réglementée dans de nombreux pays, elle est parfois si peu visible que l’on n’identifie pas toujours sa simple existence. Une frontière peu définie avec laquelle les artistes digitaux semblent s’amuser, créant des trompes-l’œil 2.0, n’hésitant pas à insérer à leur tour des messages subliminaux dans leurs œuvres.
Montagne ou QR Code ?
À l’image d’un Test de Rorschach 100% digital, le créateur nhciao génère des images a priori tout ce qu’il y a de plus banal, à l’aide de Stable Diffusion. Paysage montagneux, jeunes filles aux traits inspirés de l’univers du manga ou encore scène de dîner aux chandelles : les oeuvres cachent toutes en réalité un QR code conçu à partir de ControlNet, un modèle de vision du langage (LVM) image-à-image, qui nous renvoie sur le site de l’artiste.
Un leurre que l’on avait déjà évoqué lorsque nous parlions du travail de Ugleh, dont les paysages en forme de spirale ou de damier, ont récemment fasciné la toile. Jusqu’ici rien de bien méchant, simplement des créateurs qui testent les limites de leurs outils.
Culture pub
Mais qu’en est-il lorsque la pub s’y essaye à son tour ? Le mois dernier, une image a fait le tour des réseaux sociaux. On y voit un groupe de femmes déambuler dans une rue citadine, que l’on imagine être à New York. Pourtant, l’ensemble cache un message : le logo de la marque Obey.
Il s’agit en réalité d’une image générée via un programme d’intelligence artificielle, Automatic1111, par Dreaming Tulpa, qui n’en est pas à son coup d’essai avec la marque de Shepard Fairey, puisqu’il a déjà réalisé cinq compositions de ce type. Une question se pose alors : si, pour le moment, l’usage de messages subliminaux ne semble concerner que les artistes, que faire lorsque les marques s’emparent d’un tel procédé, sans attendre qu’un créateur ne se permette d’insérer leur logo dans son travail ? On vous laisse méditer.