Malgré la crise économique et un centre-ville ravagé par les explosions meurtrières d’août 2020, Beyrouth se positionne comme un vivier de l’art contemporain, avec notamment l’arrivée de nombreuses nouvelles galeries. Certaines, ouvertement numériques, entendent sortir des sentiers battus.
Déjà bien investis par les marchands d’art, les quartiers de Beyrouth proches du « Ground Zero » de la cataclysmique explosion survenue sur le port en août 2020 n’ont pas simplement retrouvé leurs habitudes ; ils ont également été investis par des petits nouveaux déterminés à asseoir le statut de Beyrouth sur la scène internationale. Parmi elles, DiGen Art, première galerie libanaise dédiée à l’art numérique et deuxième seulement dans tout le Moyen-Orient.
Installé dans le quartier de Hamra, DiGen Art – pour « Digitally Generated Art » – fait entrer la capitale libanaise dans une nouvelle ère. Visant à populariser l’art numérique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la galerie compte bien éduquer les populations à ces nouvelles manières de créer. L’objectif revendiqué : faire de la région MENA un acteur clé de la scène numérique.
Penser la galerie autrement
Pensé comme une forme hybride, entre laboratoire et lieu d’apprentissage dynamique, l’espace d’exposition sort volontiers des codes habituels et traditionnels du white cube. Ici, il s’agit de penser et diffuser l’art autrement, tout en s’inscrivant dans un héritage, riche et assumé : au sein de la DiGen Art Gallery, la connaissance et l’expérimentation des nouvelles technologies est ainsi encouragée par une très large bibliothèque de livres spécialisés, ainsi que par des événements ponctuels ouverts à tous (hackathons, conférences, ateliers).
Ici, on slalome entre les écrans de tailles différentes, donnant à voir une série d’œuvres d’art créées à partir d’outils numériques, de codage, d’algorithme ou d’IA. DiGen Art s’appuie également sur une collection privée d’art digital, couvrant les années 1970 à nos jours, précisément dans l’idée de permettre aux curieux de comprendre que l’art numérique prend sa source dans des œuvres datant déjà de plusieurs décennies.