Inspiré de l’un des grands scandales du monde de l’art, la pièce d’Anka Herbut et Łukasz Twarkowski déroule la vie de Mark Rothko et flirte avec les nouvelles technologies afin d’interroger la marchandisation de l’art contemporain.
2004. Une toile de Mark Rothko de 1956 est vendue 8 millions de dollars à un couple de collectionneurs. Jusqu’ici, rien de bien particulier, l’artiste new-yorkais bénéficiant d’une côte incroyable depuis de nombreuses années. Pourtant, sept ans plus tard, l’authenticité de l’œuvre est remise en compte et les acheteurs se rendent compte qu’il s’agit en réalité d’un faux peint par Pei-Shen Qian, un professeur de mathématiques du Queens, artiste-faussaire à ses heures perdues.
Performer l’art numérique
C’est ce scandale de contrefaçon qui fait aujourd’hui office de point de départ pour la pièce Rothko, actuellement présentée au théâtre de l’Odéon. La dramaturge Anka Herbut nous immerge dans la vie du peintre, de son apogée au cours de la décennie 1960 aux dernières années de sa vie, et continue de dérouler le fil jusqu’aux formes de créations les plus récentes, de l’art numérique à la VR, en passant par les NFTs.
S’appuyant sur une mise en scène spectaculaire de Łukasz Twarkowski, la pièce associe arts vivants et visuels afin de questionner ce que les auteurs appellent le « mythe de l’authenticité » et, plus globalement, la dimension marchande du monde de l’art. Comment mettre un prix sur de la création ? Qui détermine cette valeur ? Qu’est-ce qui fait qu’une copie parfaite ne vaut rien quand un original, lui, vaut des millions ? À travers une succession de tableaux sensoriels, Rothko bouscule l’ordre établi, brise le quatrième mur et, surtout, nous embarque dans un voyage invitant autant à la contemplation qu’à la réflexion.