Présenté à l’occasion du festival SXSW, l’œuvre Currents de Jake Oleson fait passer l’art vidéo à un autre niveau : celui du format spatial.
Reconnu pour ses documentaires, courts-métrages et publicités réalisées pour de grandes marques telles que Meta ou Airbnb, le réalisateur Jake Oleson s’épanouit parallèlement dans une pratique artistique protéiforme, à la fois musicale et audiovisuelle, qui lui a notamment valu d’être récompensé lors du AI Film Festival de Runway ML. Alors, lorsque Vimeo et Apple Vision Pro se sont associés pour lancer une nouvelle application, c’est sans hésitation aucune que les deux géants de l’image se sont tournés vers le New-Yorkais, pour lui lancer un défi : créer un court-métrage original… au format spatial. De quoi également séduire les programmateurs du festival SXSW, à Austin, Texas, qui ont présenté le film lors d’une avant-première le 9 mars dernier.
« La capture vidéo spatiale est un pas de plus vers la façon dont nous voyons le monde. Au lieu de capturer une vidéo à partir d’une perspective unique, avec deux objectifs placés exactement ou approximativement à la distance de nos deux yeux, puis synchronisés ensemble pour regarder avec un casque de réalité virtuelle comme l’Apple Vision Pro », explique Jake Oleson lors d’un entretien accordé à Vimeo, manifestement ravi de s’être confronté à l’exercice.
Au plus près du personnage
Baptisé Currents, le projet prend place à Ho Chi Minh-Ville, au Vietnam, et suit Linh, une jeune femme qui a laissé sa campagne natale au profit de l’effervescence de la ville. L’occasion pour Jake Oleson d’interroger la croissance ultra-rapide des environnements urbains, et d’analyser la manière dont ces derniers affectent nos identités, révèlent autant nos désirs que nos craintes. Une proximité émotionnelle rendue d’autant plus palpable grâce au format spatial.
« Avec le cinéma immersif, on fait tomber cette barrière et on ne regarde pas une histoire, on est témoin d’une histoire, on est témoin d’un personnage. Et pour moi, être témoin signifie être assis dans une pièce, voir un être humain et ressentir son aura et sa présence d’une manière que je n’ai personnellement jamais connue », détaille le réalisateur américain. Et conclut, enthousiaste : « Avec ce nouveau niveau d’immersion, avec la réalisation immersive et spatiale, parce que vous amenez les gens dans la scène, vous ne voulez pas les secouer. (…) Vous avez l’impression d’être dans la scène. Et grâce à cela, nous nous rapprochons d’autant plus de l’histoire et du personnage, mais nous ouvrons également un monde de rythme entièrement différent. »