Née dans la banlieue de Lille, l’artiste Laure Prouvost vit aujourd’hui au carrefour de la France, du Royaume-Uni et de la Belgique. Un multi-ancrage qui pourrait également définir sa pratique, flirtant continuellement entre l’installation, la sculpture et l’art multimédia.
2007 : OWT
Réalisé peu de temps avant son entrée au Goldsmiths College de Londres, ce court-métrage est une mise en abime du monde de l’art. Mettant en scène le commissaire américain Michael Connor réfléchissant au rôle et à la fonction de l’art vidéo, le film OWT, lauréat du prix EASTS 2009, joue sur le montage pour faire perdre toujours un peu plus de sens à la parole du curateur. On entend alors des phrases telles que « Comment une vache peut-elle toujours se sentir ? », illustrant le ridicule de ce microcosme, dont l’activité préférée est souvent de s’écouter parler.
2013 : Wantee
Permettant à Laure Prouvost de devenir la première française à remporter le prestigieux Turner Prize, Wantee rend hommage à l’artiste allemand Kurt Schwitters et à sa compagne, Edith Thomas, surnommée « Wantee ». En résulte une œuvre complètement barrée associant vidéo et installation produite par la Tate Modern au sein de laquelle sont mis en scène un artiste conceptuel d’un certain âge souhaitant creuser un tunnel de son salon jusqu’en Afrique, et une vieille dame, amie proche de Wantee, qui passe son temps à préparer du thé (« Want tea ? », Wantee, vous l’avez ?).
©Laure Prouvost
2014 : How to Make Money Religiously
Présenté en avant-première au New Museum de New York en 2014, How to Make Money Religiously a ensuite été dévoilé au monde entier lors d’Art Basel Miami, la même année. Une double consécration, donc, pour Laure Prouvost, qui a envisagé cette œuvre comme deux versions légèrement modifiées d’un même film, afin de recréer la désagréable sensation de déjà-vu. Un jeu de mémoire étrange qui interroge les notions d’oubli et de souvenirs à l’ère de la communication massive.
2019 Biennale de Venise
Choisie pour représenter la France lors de la Biennale de Venise en 2019, Laure Prouvost saisit l’occasion de célébrer la carrière et le parcours d’une des pionnières du cinéma féminin, Madame Agnès Varda. En résulte une installation baptisée Deep See Blue Surrounding You / Vois ce bleu profond te fondre, où l’artiste intègre trois des photographies prises par la cinéaste dans les années 1950 au Palais Idéal du Facteur Cheval.
2025 : WE FELT A STAR DYING
Fière d’avancer au sein du monde de l’art avec près de deux décennies d’expérience, la plasticienne prouve qu’elle en a encore sous la pédale à la Kraftwerk Berlin, qui consacre à Laure Prouvost une exposition personnelle. L’artiste française y explore notamment les phénomènes quantiques et leur sensibilité aux forces célestes grâce à un ensemble de travaux vidéos, accompagnés ici de sculptures et d’objets scénographiques proposant une vision dystopique du monde de demain.
- WE FELT A STAR DYING, de Laure Prouvost, jusqu’au 04.05, Kraftwerk Berlin.