Inspiré par les sculptures inachevées de Michel-Ange, l’artiste multimédia italien Quayola s’associe au compositeur électronique Max Cooper pour une œuvre d’art total, entre sculpture et cinéma.
Quand deux amoureux de la technologie se rencontrent, cela donne Fighters, un diptyque puissant inscrivant l’art classique italien dans le monde contemporain. Imaginée pour faire écho au dernier projet musical de Max Cooper, SEME, l’oeuvre de Quayola, artiste représenté par la Galerie Charlot, reprend le thème d’un des morceaux de l’EP, « Palestrina Sicut », pour créer tout un imaginaire visuel empreint de patrimoine. « Mon intérêt n’est pas d’utiliser la technologie pour reproduire des objets du passé, assure toutefois l’artiste au magazine Clot. Au contraire, je suis intéressé par l’utilisation de ces références historiques comme catalyseurs pour produire de nouvelles esthétiques, de nouveaux objets de contemplation qui parlent de notre présent ».
Du Quattrocento à la robotique
Partie palpable de l’œuvre, la sculpture en marbre illustre à la perfection le discours du plasticien, et incarne à elle seule le concept de genèse algorithmique. Contrairement à d’autres travaux qui utilisent des robots pour sculpter des géométries prédéterminées, le rond de bosse de Quayola rend visible la technologie et représente le processus robotique. Un résultat dû à une véritable collaboration avec la machine, là où d’autres se contentent d’utiliser la technologie comme de simple outils au service d’une vision passéiste.
Le film, quant à lui, contribue à l’élaboration d’une mythologie contemporaine, où l’on suit l’épopée créative de Quayola en musique, toujours en lien avec l’histoire de son pays : « Parmi tout ce faste construit pour la royauté et la grandeur, Palestrina se démarquait par sa beauté simplifiée, elle était pleine de formes musicales qui résonnaient en moi et qui pouvaient se prêter à ma forme de musique ». En effet, Fighters s’inspire de la nature comme élément sacré, de la beauté pure et éthérée sacralisée. Une véritable ode à l’esthétique du Quattrocento, qui se veut plus actuelle que jamais.