Présentée à la Galerie Data dans le cadre du group show Machina Fauna, l’ensemble d’installations Pathogène 404 de l’artiste française Manon Pretto transforme l’espace d’exposition en un laboratoire fictif où un autre futur se dessine.
Peut-on faire de l’art avec des champignons ? La nature, aussi de notre époque, n’a-t-elle pas déjà un arrière-goût artificiel ? À en croire Manon Pretto, née en 1993, la réponse à ces deux questions se veut positive. En s’appuyant sur le mariage entre végétation et technologie, l’artiste pluridisciplinaire, particulièrement attachée à rendre visible de nouvelles potentialités, réussit le tour de force de se substituer à la nature. Ici, pas de différence entre monde organique et synthétique. Pour elle, dans le futur, l’un contribuera à faire évoluer l’autre, et vice versa, sans distinction aucune.
Une collaboration entre nature et technologie
Chez Manon Pretto, dont on avait pris conscience de la pleine puissance de son travail lors de l’Anticipation Festival en 2024, pas question pour autant de parler de dystopie ou de considérer son œuvre comme critique, au contraire. En faisant se déployer Pathogène 404 au cœur de l’exposition collective Machina Fauna, l’artiste pose un regard tendre et poétique sur cette symbiose entre nature et technologie, considérant les outils numériques comme des partenaires évidents dans le développement de la biosphère et des multiples formes de vie qui y habitent. La présence ici de petits champignons hybrides, imprimés en 3D et retravaillés à l’étain, illustre ainsi à merveille ce point de vue : ni entièrement factices, ni purement organiques, les mycènes rédéfinissent chez Manon Pretto les contours d’une vision manichéenne, qui voudrait que la nature se trouve d’un côté, et la technologie de l’autre. Le gentil contre le méchant.
Grâce à son travail, la Française, basée entre Paris et Clermont-Ferrand, invite ainsi le public de la Galerie Data à se questionner sur le monde néo-biologique, et à adopter lui aussi une position plus douce envers celui-ci. Car oui, envisager la nature et la technologie comme des alliés est possible. Au fond, on pourrait même tenir là le vecteur d’une meilleure évolution mutuelle.
- Machina Fauna, jusqu’au 15.03., Galerie Data, Paris.