Le père de ChatGPT aurait-il trouvé en la France un rival de taille ? La question se veut en tout cas pertinente à l’heure où un trio d’investisseurs français lance Kyutai, une plateforme censée concurrencer le géant OpenAI.
À ses débuts, l’organisation à but non lucratif américaine OpenAI, pionnière de l’IA générative, évoquait un modèle vertueux et affichait ses ambitions dans les domaines de l’éducation, la santé ou encore les services sociaux. Aujourd’hui, ses idéaux philanthropiques semblent bien derrière elle, et son modèle semble peu à peu s’approcher de ceux des géants de la tech américain. Microsoft s’en est d’ailleurs récemment mêlé, s’impliquant à hauteur de 49% et se débarrassant au passage de l’un des fondateurs, Sam Altman, considéré comme le Steve Jobs des temps modernes.
La France entre dans la danse
Le lancement de la première version de ChatGPT le 30 novembre 2022 marque le début d’une compétition effrénée dans le domaine de l’intelligence artificielle générative. Jamais peut-être, depuis les débuts d’Internet, on n’a connu telle révolution ! Un bouleversement qui n’est pas sans risque, puisque l’IA générative soulève un grand nombre de questions éthiques (notamment au sujet de la désinformation et des droits d’auteur), et les nombreux « bad buzz » d’OpenAI semblent l’avoir fragilisée. Conséquence : la course à l’IA semble être relancée !
L’occasion pour Jean-Noël Barrot, Ministre délégué chargé du Numérique, de souffler à Sam Altman qu’il est le bienvenu en France. Si cela peut paraître un brin cocasse au premier abord, la France n’a plus à rougir de son parcours en matière d’IA. Alors que les États-Unis et la Chine font clairement la course en tête, l’Hexagone, elle, s’est longtemps concentrée sur la théorisation et la régularisation de l’intelligence artificielle, se laissant devancer dans les avancées technologiques. Jusqu’à l’arrivée de Kyutai, la réponse de l’Hexagone à l’OpenAI.
Renouer avec un modèle vertueux
Inaugurée le 17 novembre dernier, Kyutai, cette association à but non lucratif fondée par Xavier Niel (Groupe Illiad), Rodolphe Saadé (CMA CGM) et Eric Schmidt (ancien PDG de Google), s’appuie sur le supercalculateur Jean-Zay de Scaleway, une filiale du groupe Illiad, connu pour être actuellement la machine à calculer la plus performante pour les applications d’IA en Europe. Afin de développer ce projet et espérer concurrencer OpenAI, le trio bien connu du monde de la tech a mis sur la table la somme de 300 millions d’euros – une bouchée de pain si l’on se fie au milliard injecté par le concurrent américain, trois ans avant le lancement de ChatGPT.
Si ce départ paraît d’office plus « humble », il colle en réalité au discours humaniste tenu par les fondateurs de Kyutai, qui souhaitent revenir aux fondements de l’Open Science et faire de la France un pays attractif pour les talents locaux qui sont tentés de travailler à l’étranger. « Le sujet, c’est que nous sommes passionnés à l’idée de créer des modèles qui soient créés ici avec nos spécificités. Nous ne voulons pas dépendre de ce qui a été inventé en dehors de nos frontières », conclut Neil Zeghidour, ancien chercheur chez Google DeepMind aujourd’hui impliqué chez Kyutai.