S’il est une chose que les grands musées occidentaux mettent peu en avant, c’est bien cela : l’origine coloniale de nombreux de leurs trésors d’histoire et d’archéologie. Voici trois façons qu’ont trouvé des hackers et autres professionnels du numérique pour rétablir la justice face aux biens spoliés lors de la colonisation.
Des « restitutions virtuelles »
Looty est le projet lancé en 2022 par un jeune nigérian pour rendre des objets d’art volés à leurs pays d’origine. Désespérant des négociations de restitutions, qui se trouvent le plus souvent au point mort, Chidi Nwaubani s’est mis à réaliser des scans 3D de pièces problématiques en se rendant dans les plus grands musées du monde le visage masqué -par là, il souligne le côté pirate de son geste.
Par la suite, les objets numérisés peuvent ainsi être exposés dans les pays spoliés grâce à des expériences de réalité augmentée. Récemment, il a par exemple restitué virtuellement la pierre de Rosette (détenue au British Museum) à l’Egypte. Mais le projet va plus loin encore, l’artiste utilisant les recettes de la vente de ses copies 3D pour financer des artistes africains.
Créer des copies
Utilisant là encore la technologie de la modélisation 3D, l’Institute for Digital Archaeology, basé à Oxford, s’est de son côté attaqué aux marbres d’Elgin. Propriété actuelle du British Museum, ceux-ci sont réclamés depuis longtemps par la Grèce. Bonne nouvelle : les scans ont permis de produire des répliques physiques parfaites grâce à l’impression 3D. Ces copies, les archéologues les proposent maintenant à la Grande-Bretagne en échange des originaux, pour que ces derniers retrouvent leur place au Parthénon. Ici, la restitution franchit un pas supplémentaire…
Diffuser sans limite la vraie histoire
Il est enfin possible de miser sur la circulation des savoirs grâce au web. Pour faire évoluer les mentalités et rallier le grand public à la lutte contre les biens spoliés, le média Vice World News a édité en 2022 un guide numérique critique, « The Unfiltered History Tour ». Celui-ci propose une visite du British Museum sous l’angle de la face honteuse de ses collections. Une app mobile façon réalité augmentée et un podcast pour tout savoir de l’histoire des objets concernés complètent ce livret en ligne.