Du 15 au 17 novembre 2024, le festival londonien Digital Body transforme Hackney Bridge en un espace d’exploration avant-gardiste où l’art, la technologie et le corps humain se mélangent dans un même mouvement.
Offrir une vision contemporaine des limites floues entre les corps et les technologies : telle est l’ambition du Digital Body Festival, manifestation londonienne qui mise sur une approche multidimensionnelle afin de célébrer la fusion entre le mouvement et les innovations numériques. Ici, le corps humain se révèle, non seulement en tant que sujet d’exploration artistique, mais aussi comme une interface placée au cœur d’installations interactives, de performances saisissantes et de projections immersives. Ou comment créer une conversation visuelle et émotionnelle unique au sein de laquelle chaque geste et chaque battement du cœur se mêlent aux projections en réalité augmentée ou virtuelles qui l’entourent.
Au croisement de l’art, de la science et de la conscience de soi
À Londres, le Digital Body Festival s’organise autour d’une exposition interactive centrale, Futures in Motion, invitant les visiteurs à bouger, interagir et à se questionner de manière ludique. Réunissant une multitudes d’expérience et d’œuvres d’art, l’évènement présente notamment Vast Body de Vincent Morisset et Caroline Robert (lire notre newsletter éditoriale #28), une expérience collaborative et hautement visuelle sur le mouvement dans laquelle une myriade d’alter-egos numériques tentent de reproduire les gestes de la personne qui lui fait face. Interprétant votre comportement, l’œuvre s’appuie sur des questions d’actualité telles que l’identité, l’empathie ou notre relation avec des intelligences autres qu’humaines.
Parmi les installations phares, on compte aussi Incantation de Sian Fan, une performance numérique qui associe danse, capture de mouvement et jeu vidéo afin d’explorer la spiritualité et le mythe à l’ère numérique, ainsi que la marchandisation du corps asiatique. Un peu plus loin, Anti-Body Interactive, du collectif Uncharted Limbo, est un terrain de jeu immersif pour deux personnes combinant algorithmes et suivi de mouvement en temps réel. L’idée ? Encourager quiconque à devenir danseur, le temps d’un instant. Parmi les cinq œuvres de réalité virtuelle et de réalité augmentée complétant cet ensemble d’installations numériques, Soul Paint de Sarah Ticho et Niki Smit emporte la mise : narrée par l’actrice Rosario Dawson, qui encourage à ressentir son âme dans un espace virtuel où l’on dialogue avec via la peinture, cette installation VR explore la richesse de l’expérience humaine dans un projet situé à l’intersection de l’art immersif, de la recherche scientifique et des soins de santé.
Une galerie de corps numériques
Au-delà de ses différents points forts se découvre également une véritable galerie de Digital Bodies présentant des œuvres d’avant-garde qui interrogent la façon dont les corps en mouvement sont construits et représentés à l’ère du numérique et de l’IA. L’occasion de visionner, notamment, Dance We Do d’Olivia Ema et Lex Fefegha sur la danse afro-surréalistes, et Living with my Digital Twin de Jason Yip et Sari Mizoe, axé sur le phénomène de danse japonaise Parapara : deux oeuvres spécialement commandées pour le festival et présentées ici en avant-première. L’opportunité est également donnée de s’attarder sur le projet toujours en cours de Jake Elwes, Zizi in Motion: A Deepfake Drag Utopia qui explore l’utilisation par la communauté queer de la technologie deepfake à des fins créatives.
Voir des corps bouger, mais également bouger le sien : voilà le crédo du festival britannique qui, outre une flopée d’artistes visuels, invite différents DJs, musiciens et danseurs à venir rythmer la programmation, déjà particulièrement riche. Un rendez-vous incontournable du numérique, donc, parfait pour les esprits curieux et les corps en quête de mouvements.