Être artiste, c’est permettre la rencontre avec une oeuvre, une pensée, un thème, une esthétique. Pour ce faire, il faut d’abord, du côté de l’artiste en question, s’être fait·e connaître. C’est l’objectif de « premier contact », série de mini-portraits pensés comme des speed-meeting, des premiers points d’accroche avec de jeunes artistes et leurs univers si singuliers. Au tour d’Eden Tinto Collins. Artiste basée à Paris et porte-voix d’une « blackness » poético-militante, son travail fusionne hyper-physicalité (avec la présence de corps réels qui en imposent) et mondes virtuels. Elle participe à l’exposition collective Do you believe in Ghosts ? à la fondation Pernod Ricard qui ouvrira le 12 septembre.
Un élément biographique
Eden Tinto Collins, née en 1991, a développé sa pratique entre deux continents. Passée par l’École nationale d’arts de Paris-Cergy, elle a trouvé sa voie lors d’un stage au Ghana, au New Morning – structure dirigée par la chanteuse Bibie Crew, puis a perfectionné sa technique entre chant jazz et « opéra de l’espace » au Conservatoire du 17ème arrondissement de Paris. Car si elle se dit « poéticienne hyper média », c’est que la parole, le récit, le chant occupent une place centrale dans son travail. Dans ses performances, ses créations vidéos, ses univers jusqu’aux plus virtuels, la voix est un fil conducteur qui nous raccroche à la matérialité du corps qui raconte.
Une oeuvre
Fugitive à toute tentative d’essentialisation de son travail et son identité, Eden Tinto Collins apparaît souvent sous forme d’avatars, de personnages qu’elle s’invente. Dans la série de vidéos A Pinch of Kola (Une pincée de Kola), c’est son alter ego Jane Dark qui intervient. Jane Dark est un être qui évolue dans plusieurs dimensions, tantôt réelle tantôt virtuelle. Elle interconnecte les milieux et permet une transmission des savoirs, des prises de conscience au fil de ses errances. Ces opus vidéos où esthétique du collage, DIY, réalisme magique et parole politique se mêlent visent à produire l’effet stimulant et piquant du Kola.
Une activité parallèle
Eden Tinto Collins est également une penseuse à la plume inventive et singulière. Dans son livre Bonne arrivée ou la Numination (2021), se déploie une rêverie numérique dans laquelle elle explore les fascinations et angoisses de nos existences bi-dimensionnelles. Et à côté de ça, elle est engagée dans le développement de l’Acéphale studio, un tiers-lieu à Joinville-le-Pont.
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