Frankenweenie, Edward aux mains d’argent, L’Étrange Noël de monsieur Jack… Après un beau succès à Madrid, Tim Burton, Le Labyrinthe pose ses valises à La Villette dans un chapiteau spécialement dédié à cette expérience. Immersive, certes, mais qui risque toutefois de faire quelques frustrés !
Le visiteur pénètre dans l’exposition Tim Burton, Le Labyrinthe en s’engouffrant dans la gueule béante, hérissée de crocs, de L’Espace Chapiteaux de La Villette, spécialement « déguisé » pour cet événement déjà auréolé d’un véritable succès populaire – certaines dates affichent complet, preuve de la grande popularité de l’auteur-réalisateur américain. Une fois à l’intérieur, l’accès à son univers truculent et fourmillant d’idées se fait en appuyant sur un buzzer qui désigne aléatoirement votre porte d’entrée dans le labyrinthe, parmi cinq. Ensuite, libre à chacun d’écrire le scénario de sa propre aventure en choisissant par quelles portes poursuivre la visite. Notez, il existe plus de trois cents itinéraires possibles !
Cette démarche évoque le mythique Labyrinthe d’Alice du fameux conte de Lewis Carroll, Les Aventures d’Alice au pays des merveilles (1865), adapté au cinéma en 2010 par Tim Burton pour The Walt Disney, très représenté d’ailleurs le long du parcours. Et pour cause : le studio américain est propriétaire de plusieurs licences des films de Tim Burton et de ses objets dérivés, tout comme Warner Bros, que le réalisateur a autrefois permis de faire briller – à l’époque de sa sortie, en 1989, Batman était le cinquième film le plus rentable de tous les temps.
Un dédale fantastique
Ne faisons pas durer le suspense. Tous les longs ou courts métrages de Tim Burton ne sont pas représentés au sein de l’exposition : Ed Wood, Sleepy Hollow, La Légende du cavalier sans tête ou Big Fish font partie de la liste des absents. À la décharge de LETSGO, la société espagnole qui produit l’évènement immersif en partenariat avec Tim Burton, la filmographie du réalisateur contient plus de trente projets. À l’exhaustivité, Tim Burton, Le Labyrinthe privilégie donc la mise à disposition de quelques raretés, dont les personnages du recueil La triste fin du petit enfant huître et autres histoires, écrit et dessiné par Tim Burton en 1997. Un parti-pris audacieux, qui risque de créer de la frustration, mais permet de mettre en lumière les différentes obsessions de l’artiste : les fêtes d’Halloween et de Noël, les clowns terrifiants, les cimetières, les monstres au cœur pur, les exclus, les super et anti-héros, ou encore l’amour !
Chaque porte dévoile un univers fantastique rattaché à un film ou à un thème cher au cinéaste. De salle en salle, le visiteur traverse, entre autres, les forêts de sucres d’orge surdimensionnés de Charlie et La Chocolaterie, celle de champignons géants d’Alice au pays des merveilles, où celle plus classique mais évidemment sombre et magique des Noces Funèbres. Au hasard de ce dédale, qui ressemble à une maison hantée de fête foraine mais de bonne facture, le visiteur croise la route de la Reine de Cœur, de Jack Skellington ou d’Edward aux mains d’argent, représentés par des statues grandeur nature inédite ! Complice du réalisateur, Johnny Depp y apparaît à trois reprises dans la peau de ses personnages emblématiques !
Une immersion réelle
L’immersion dans l’univers mental de Tim Burton ne se fait donc pas via un casque ou des lunettes VR, mais par le réel : une scénographie inventive faite de décors, de projections vidéos et d’habillages sonores soignés. Le sol de la pièce consacrée à Beetlejuice (1988) est ainsi recouvert d’insectes. Dans celle de Frankenweenie (1984), le visiteur assiste à un orage violent au milieu des tombes, tandis que celle d’Alice au Pays des merveilles dévoile furtivement la présence du fameux chat du Cheshire. Ici, une porte grince ; là, un cri retentit. Au-delà de l’aspect spectaculaire réussi, chaque pièce renferme son lot de dessins préparatoires passionnants, de story-boards, de courtes séquences animées et de cartels informatifs ou constitués de citations de ses proches collaborateurs. Avant tout ludique, l’exposition est aussi instructive. Elle renferme quelques anecdotes connues seulement des plus grands fans, et encore pas sûr !
En fonction qu’il ouvre la porte une, deux… ou cinq, le visiteur trace son propre chemin au sein de l’exposition, mais passe finalement à côté de certaines salles. Un clin d’œil diabolique du réalisateur ? Quoiqu’il en soit, cette traversée dans son univers peuplé de créatures aussi monstrueuses qu’attachantes donne envie de les retrouver à l’écran !
- Tim Burton : Le Labyrinthe, jusqu’au 20 août, La Villette, Paris.