À Bâle, une expo célèbre la beauté virtuelle

À Bâle, une expo célèbre la beauté virtuelle
Vue de l'exposition "Virtual Beauty", HEK, Bâle.

Ce n’est pas parce qu’Art Basel est terminé qu’il n’y a plus rien à voir à Bâle ! La preuve à la Hek, où une exposition convie une vingtaine d’artistes à explorer la notion de beauté à l’ère du numérique. 

À chaque époque son canon, surtout quand il est féminin. Teint pâle et petite poitrine au Moyen-Âge, hanches voluptueuses à la Renaissance, silhouettes androgynes dans les années 1920… Et si l’on a la sensation d’évoluer dans une société plus sensible à l’éradication des diktats, il n’en est finalement rien, les femmes n’échappant toujours pas aux normes de beauté qui régissent notre époque. Bien au contraire. « En mettant en avant les formes rondes et les différentes phases de la femme (jeune fille, mère, vieille bique), je veux offrir une alternative positive et inclusive qui remet en question et élargit les normes de beauté imposées par la société et les technologies numériques », nous confiait ainsi Hermine Bourdin.

Kylie Jenner ©Daniel Sannwald & Beauty_GAN

« On t’a déjà dit que t’étais une beauté numérique ? »

À quoi pense-t-on aujourd’hui quand on dit de quelqu’un qu’il est beau ? C’est la question soulevée par l’exposition collective internationale Virtual Beauty, présentée à la Hek jusqu’au 18 août prochain. En se penchant sur la manière dont les nouvelles technologies impactent notre vision de la beauté humaine, les plasticiens invités multiplient ici les médiums et formats pour tenter de dresser un panorama des problématiques liées au corps d’aujourd’hui, qu’il soit physique ou virtuel. On retrouve ainsi des pionniers de la question tels qu’ORLAN ou Frederik Heyman, mais aussi et surtout une jeune génération d’artistes numériques tels qu’Ines Alpha, Filip Custic ou encore Harriet Davey, classé dans notre liste des 24 artistes numériques à suivre en 2024.

« La question de la beauté est étroitement liée à la prolifération des appareils portables et des écrans sur lesquels nous nous regardons et partageons ces identités artificielles », indiquent les commissaires de l’exposition, Gonzalo Herrero Delicado, Bunny Kinney, Mathilde Friis et Marlène Wenger. Entre filtres sur les réseaux sociaux, avatars en ligne, séduction virtuelle sur les applications de rencontre, mais aussi redéfinitions des normes de genre et de leurs limites binaires, « les artistes présents dans l’exposition interrogent la notion de beauté telle qu’on l’entend aujourd’hui ». Aussi complexe soit-elle. 

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