Entre musée traditionnel et espace d’exposition dématérialisé, le cœur de la plateforme « Are you for real? » balance. Son existence, actée en 2020, permet toutefois de se poser une multitude de questions quant à la digitalisation du monde de l’art.
En France, lorsqu’on ne croit pas quelqu’un, on aurait tendance à lui demander s’il est sérieux. Dans les pays anglophones, l’expression en vigueur est plutôt : « Are you for real ? ». Soit, littéralement, « es-tu réel ? ». Une question qui, si elle était prise au pied de la lettre, n’avait jusqu’alors pas vraiment de sens. À l’ère de l’intelligence artificielle, du métavers et des avatars, elle peut toutefois être posée sans détour, tant questionner le réel ne paraît plus être une idée farfelue. Mieux, interroger notre propre compréhension de cette notion devient essentiel.
Production et réflexion
Judicieusement baptisée « Are you for real? », cette plateforme numérique lancée en 2020 par l’ifa (Institut pour les relations étrangères) a pour vocation d’élargir les échanges culturels internationaux, ainsi que d’intensifier le dialogue entre l’art contemporain et le numérique. En s’inspirant des pratiques en vigueur au sein des expositions dites traditionnelles, la plateforme produit des œuvres virtuelles convergeant vers une même thématique. Alors qu’un premier groupe d’artistes se penche sur les problèmes d’infrastructure des mondes virtuels, un deuxième spécule sur les pouvoirs du virtuel sur le réel, quand un troisième mêle tradition ancienne, magie et technologie.
Un projet qui laisse également la place à la réflexion et à la recherche, dans une seconde phase, durant laquelle les équipes d’« Are you for real? » enquêtent sur le lien entre réalité, science et art. En prime, notons également que les œuvres d’art commandées ou présentées sur la plateforme (à l’image de celles de Crosslucid, Miriam Simun, Jakob Kudsk Steensen ou Saša Spačal) convergent en groupes thématiques, se manifestant sous la forme de systèmes planétaires, afin de révéler une nouvelle cosmologie des interprétations de la sphère numérique.
C’es tassez technique, parfois plus impressionnant sur la forme que sur le monde, mais on y voit là un énième moyen d’appréhender les différents aspects de la digitalisation de notre monde. Lequel, qu’on le veuille ou non, est désormais intrinsèquement lié aux univers virtuels.