Aux pieds des pyramides de Gizeh, le festival Forever Is Now invite une quinzaine d’artistes à investir le plateau millénaire pour y installer des expériences interactives conçues autour du thème du jeu. Parmi eux, le Français Stephan Breuer tire son épingle du jeu.
Imaginé pour mettre en lumière l’importance des échanges culturels entre les artistes, tout en promouvant le tourisme en Égypte, Forever is Now prend place dans le paysage désertique du plateau de Gizeh jusqu’au 18 novembre, avec pour toiles de fonds les merveilleuses pyramides éponymes. Qui aurait pu imaginer que ce site historique devienne le théâtre de la création contemporaine, quelque 4 500 années après l’édification de ces immenses monuments funéraires ?
Pour cette nouvelle édition, 14 artistes locaux et internationaux exposent des œuvres à grande échelle spécialement conçues pour l’occasion autour du thème du « jeu », pensé pour encourager les nombreux spectateurs attendus à interagir avec elles.
Une icône du XXIème siècle
Parmi les créateurs internationaux, Stephan Breuer réinterprète la forme triangulaire en faisant léviter un isocèle d’or renversé dans l’axe exact des trois pyramides de Khéops, Khephren et Mykérinos. « Face aux pyramides d’Égypte j’ai souhaité avant tout faire un geste simple, explique l’artiste à propos de son œuvre, baptisée TEMPLE •I•. Je m’intéresse depuis plusieurs années à la symbolique des icônes. Ces œuvres mystiques dont le fond d’or fait référence à une dimension intangible exercent une réelle fascination. Le mot icône est également utilisé dans le monde digital pour signifier une image, un fichier ou un signe. J’ai voulu inventer une icône du XXIe siècle. »
Conçu comme un monument immatériel, TEMPLE •I• ne se contente pas de cette figure flottante, mais propose une expérience interactive unique avec le site de Gizeh. À partir de la technologie POAP (Proof of Attendance Protocol), et grâce à une puce NFC intégrée dans le triangle en or permettant aux visiteurs de s’y connecter via leur smartphone, le spectateur peut recevoir une œuvre digitale unique et infalsifiable développée aux côtés de DANAE.IO, sorte de souvenir indéfectible de son voyage.
Nommé « You Are in the Axis of the Pyramids », ce POAP donne ensuite accès à une nouvelle dimension digitale de l’œuvre renfermant différents éléments inattendus : une partie de l’œuvre est notamment liée au savoir et à la connaissance, et l’on peut y retrouver un texte de la philosophe Baldine Saint Girons traitant des rapports entre l’Égypte et le Sublime, spécialement revu pour l’occasion, ainsi qu’un pamphlet d’un jeune philosophe théologien américain Austin Reddy, élaboré en commun avec Stephan Breuer. « Aux vues des événements récents, explique l’artiste, plus que jamais il faut que l’art nous permette de nous rapprocher, de mieux nous comprendre et si possible de s’aimer… »
L’émotion avant tout
Animé par l’envie de populariser cette idée de « monument immatériel », Stephan Breuer intègre pour la première fois à son travail la notion « d’intelligence artificielle émotionnelle » : les visiteurs sont ainsi invités à laisser un message vidéo que l’IA va ensuite analyser afin de travailler sur les émotions et le langage, permettant de développer une œuvre générative et collaborative d’un nouveau type, où chacun des visiteurs serait co-créateur.
En plus de ce travail déjà très complet, des œuvres numériques inspirées de ce triangle qui vole dans une mer de nuages, seront également visibles sur la plateforme DANAE.IO. TEMPLE •I• n’est donc pas seulement une œuvre digitale de plus : c’est une véritable réflexion, un travail complet qui souhaite s’inscrire dans le temps aussi longuement que les pyramides dont il s’inspire.