En 2013, une plateforme numérique était lancée afin de répertorier toutes les formes d’expressions artistiques que la révolution syrienne et la guerre ont vu naître. Objectif : propager un message de lutte et d’optimisme. Dix ans plus tard, Creative Memory of the Syrian Revolution continue de fonctionner à plein régime.
Aux premières heures de la révolution syrienne, en 2010-2011, on voyait fleurir des graffitis sur les murs, des pancartes dans les mains des manifestants, des dessins circuler sur la toile… Tous ces éléments, qui témoignent d’un moment historique, aussi central que tragique, sont pourtant menacés de disparaître. Avec la guerre qui s’en est suivie, les musées nationaux et lieux d’art se sont majoritairement effondrés, bien incapables d’assurer leur mission de sauvegarde, de préserver les traces culturelles de cette période. Pire, ces institutions se confrontent rapidement à un double problème : être dans l’incapacité d’attirer à elles la population mondiale, et être accaparées par le pouvoir en place.
En 2013, l’idée de la graphiste syrienne Sana Yazigi est donc aussi simple que salvatrice : lancer une plateforme en ligne capable de remédier à cette problématique. Pour elle, la révolution syrienne n’est pas morte : il est nécessaire d’entretenir la flamme et de ne surtout pas se sentir isolés quand on est proche du mouvement. Dans un article pour Libération, l’activiste déclarait que ce qu’il reste aujourd’hui, c’est un « combat politique à travers l’art ».
Un travail de mémoire
Rapidement, Creative Memory of the Syrian Revolution compile dessins, tableaux, tags et vidéos du soulèvement contre Bachar-al-Assad. Une diversité folle, donc, qui rend ces œuvres d’autant plus précieuses, nécessaires à la compréhension de la guerre, de ses horreurs et de ses êtres humains qui y laissent leur vie.
Au total, la plateforme comptabilise plus de 13.000 oeuvres et documents numérisés, présentés en trois langues (arabe, anglais, français). C’est un lieu d’archive, de mémoire, un espace qui n’a rien perdu de sa raison d’être malgré le poids des années, un projet qui nous murmure que la digitalisation des oeuvres – quand bien même elle fait débat – est parfois au plus près du coeur du combat pour la culture et la liberté d’expression.