Alors que la Cinémathèque française consacre actuellement une immense rétrospective à James Cameron, zoom sur l’un de ses proches collaborateurs, sans qui les personnages et les effets spéciaux les plus emblématiques du cinéma américain n’auraient jamais pu voir le jour.
Il est le génie derrière le cyborg Terminator. Son nom ? Stanley Winston. Cela ne vous dit peut être rien, mais le spécialiste américain du maquillage et des effets spéciaux est l’un des plus respectés dans son domaine. Né en 1946 à Arlington, en Virginie, Stanley « Stan » Winston débute sa carrière dans les années 1970. Rapidement, il se fait un nom grâce à son imagination sans borne et commence à intégrer les plateaux de prestigieux longs-métrages : The Wiz en 1978 (une réadaptation du Magicien d’Oz mettant en scène Michael Jackson et Diana Ross), Vendredi 13 et son célèbre tueur au masque de hockey en 1982, ou encore Edward aux mains d’argent de Tim Burton où il est non seulement responsable du teint cadavérique de Johnny Depp, mais également des effets des ciseaux.
En à peine une décennie, Stanley Winston devient un incontournable du cinéma américain : son imagination imprègne directement l’imaginaire populaire, ses innovations marquent le grand public et tous les grands réalisateurs se l’arrachent.
Le père des monstres du 7ème art
Parmi cette liste, il y a notamment un certain James Cameron qui, en 1984, connait un grand succès avec un film de science-fiction, devenu un classique du cinéma d’anticipation : Terminator. L’histoire prend sa source en 2029, alors qu’une guerre oppose les humains survivants de l’holocauste nucléaire aux machines. Pour s’assurer de la victoire de son camp, Skynet, le chef des robots, envoie un assassin cybernétique dans le passé, en 1984, tuer la mère du chef de la résistance humaine.
Il ne faut pas plus de quelques jours pour que Terminator traumatise une grande partie du public grâce à son réalisme, qui vaudra d’ailleurs à Stanley Winston, décédé en 2008, de remporter le Saturn Award du meilleur maquillage. Prix qu’il gagnera une seconde fois en 1992 pour le deuxième volet de la saga, ainsi que l’Oscar des meilleurs effets visuels, l’Oscar du meilleur maquillage et le BAFTA des meilleurs effets spéciaux. Des récompenses qui ne cesseront de pleuvoir tout au long de sa carrière, traversée par bien d’autres exploits : outre l’ouverture de son studio en 1981 ou la création d’une école spécialisée, Stanley Winston, passé maître dans l’art de mélanger les effets pratiques et les images de synthèse, est directement impliqué dans des films tels que Jurassic Park, Alien ou encore Iron Man.
Qui a peur du grand méchant Terminator ?
Stanley Winston, c’est avant tout un grand sens de l’esthétique et du réalisme. Un sens du vraissemblable qui a très largement contribué au succès de la série Terminator, dont le scénario dystopique continue d’alimenter, non seulement l’imaginaire des artistes (à l’image de Hef Prentice), mais également la crainte généralisée des robots, des innovations technologiques et, par extension, de l’intelligence artificielle. En 2016, Robert Work, alors secrétaire adjoint à la défense des USA, évoquait même la possibilité d’un Terminator dans la vraie vie : « Si nos concurrents optent pour des Terminators, et s’il s’avère que les Terminators sont capables de prendre des décisions plus rapidement, même si elles sont mauvaises, comment réagirions-nous ? Les Terminators ne sortent pas encore des chaînes de montage, mais chaque nouvelle génération d’armes semble nous en rapprocher. Et si aucun pays n’a déclaré son intention de construire des armes entièrement autonomes, rares sont ceux qui y ont renoncé. Les risques liés à la guerre à la vitesse des machines sont bien plus importants qu’un simple missile errant. »
Cette inquiétude, le créateur de Skynet la partage également. « Je pense que l’IA peut être géniale, mais qu’elle pourrait aussi littéralement être la fin du monde », confiait récemment James Cameron. Tout en s’interrogeant : « Voulons-nous vraiment nous battre contre quelque chose de plus intelligent que nous, qui n’est pas nous, dans notre propre monde ? Je ne pense pas. » La fiction dépassera-t-elle la réalité ?