Dédié aux nouveaux médias, le Diriyah Art Futures a ouvert ses portes le 26 novembre en Arabie Saoudite avec l’exposition collective Art Must Be Artificial: Perspectives of AI in the Visual Arts. Organisée par l’ancien directeur de la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais à Paris, celle-ci affiche d’emblée l’ambition de la région du Golfe : conquérir le monde du numérique.
Avant même sa première exposition, le Diriyah Art Futures s’était déjà bâti une solide réputation au sein du petit monde de l’art en devenant le premier pôle consacré aux nouveaux médias et à l’art numérique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Étirée sur 12 000 mètres carrés, l’institution a frappé encore plus fort au moment de son ouverture, le 26 novembre dernier, en rassemblant plus de 30 artistes internationaux et régionaux sous la direction de Jérôme Neutres, ancien directeur de la Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais à Paris. En tête, cette ambition, simple et clairement affirmée par Haytham Nawar, directeur du Diriyah Art Futures, au média Arab News : « transformer l’Arabie saoudite en un centre mondial d’échanges et de discours dans ces domaines de création émergents ».
Redonner une place aux artistes arabes sur la scène internationale
Pour cet évènement inaugural, le Diriyah Art Futures a donc souhaité miser sur quelques figures bien connues au sein du monde artistique occidental (Refik Anadol, Ryoji Ikeda, Miguel Chevalier, Vera Molnár), toutes invitées à exposer aux côtés de divers noms de l’art saoudien tels que Lulwah Al-Homoud, Muhannad Shono et Nasser Al-Shemimry. Art Must Be Artificial: Perspectives of AI in the Visual Arts, on le comprend donc très vite, se présente pour ce qu’elle est : une exposition collective dont le but est de balayer l’histoire de la création numérique, des années 1960 à aujourd’hui, sans jamais invisibiliser les artistes extra-occidentaux, trop souvent absents des programmations européennes. Une injustice, tant ces derniers se situent à la source des domaines numériques.
Haytham Nawar : « ll est intéressant de souligner que le mot « algorithme » provient du monde islamique et que l’exposition invite les spectateurs à réfléchir à la pertinence de ces thèmes pour l’Arabie saoudite, un pays dont la population est très jeune et familiarisée avec la technologie, et qui connaît actuellement une transformation radicale. » En effet, c’est bien sur le territoire saoudien que le projet « Neom » s’apprête à voir le jour : une ville entièrement connectée, aux faux-airs dystopiques, qui risque de bouleverser toutes les notions d’urbanisme actuelles.
Une révolution en trois temps
En parallèle de son inauguration, Diriyah Art Futures s’est également associé au Fresnoy pour le programme « Emerging New Media Artists », une résidence d’un an qui offre l’opportunité aux artistes émergents de disposer d’un équipement de pointe, d’un mentorat et d’un financement afin de créer des œuvres pluridisciplinaires qui doivent toutes avoir un point commun : l’innovation. Une initiative également complétée par la création de la résidence Mazra’ah Media Art, qui se déroulera de février à avril de l’année prochaine, dans l’idée d’inviter des artistes et des universitaires à imaginer des œuvres reflétant la relation entre nature, technologie et société. Cette fois, c’est sûr, l’Arabie Saoudite entend avoir ses ronds de serviette à la table des acteurs du monde de l’art numérique.
- Art Must Be Artificial: Perspectives of AI in the Visual Arts, jusqu’au 15 février 2025, Riyad, Arabie Saoudite.