À Namur, au Pavillon, carte blanche est donnée aux artistes Niklas Roy et Kati Hyyppä. Jusqu’au 06 août, ces derniers inviteront de nombreux artistes, ainsi que le public, à collaborer à Under construction , une exposition à l’image de son titre : en constante évolution.
D’ordinaire, une exposition se visite selon un parcours prédéfini d’oeuvres prêtes à regarder. Elles sont disposées dans l’espace, immobiles. Nous-même déambulons passivement au milieu d’elles : on fait le tour, on regarde, puis on s’en va en faisant bien attention – c’est là l’un des grands préceptes du monde de l’art – à ne rien toucher. Surtout quand il s’agit d’oeuvres numériques – supposées trop fragiles et complexes pour le commun des mortels. Traditionnellement, l’étape de la production précède donc celle de l’exposition. Sauf que le Pavillon, à Namur, se fiche des conventions, avec lesquelles il désire rompre, préférant à cela favoriser l’apprentissage et le côté ludique.
Pour ce faire, les clés du lieu ont été confiées aux deux artistes « makers » Niklas Roy et Kati Hyyppä, venus de Berlin avec quelques installations sous le coude. Leurs particularités ? Ces dernières ne sont pas considérées comme achevées, ce qui explique pourquoi elles sont laissées à disposition pour être remaniées, détournées, repensées, déconstruites… Ainsi, tout le monde, public inclus, est invité à mettre la main à la pâte.
Art numérique en kit
En marge de ce grand chantier collectif, de ces bidouillages insensés et de ces ateliers de fabrication, une chouette idée a germé dans l’esprit de Niklas Roy : tenir un journal de bord en ligne afin de raconter en temps réel l’évolution de l’exposition, permettre à quiconque de comprendre ce qui s’y passe. Et d’ailleurs, que fait-on donc sur place ? De fait, la réponse est ouverte aux idées de chacun : de l’électronique, du codage, de l’impression 3D, du montage manuel…
Le concept d’Under Construction consiste à expérimenter, à oser faire en profitant de la présence de deux artistes habitués à créer à partir d’éléments de récupération. Il y a quelques jours, on a déjà pu assister au montage d’une scène, découvrir un automate à selfie ou voir la musicienne Rrrrrose Azerty – compositrice de musique libre de droit – jouer avec un ensemble de game-boy et autres objets réhabilités en tant qu’instruments. Le tout dans une ambiance de chantier un peu bordélique, certes, mais ô combien désacralisante et loin d’être désagréable.