En signant la première monographie dédiée à Naomi Maury, du 10 décembre au 10 mars 2024, le Musée régional d’art contemporain Occitanie immerge les spectateurs dans l’univers unique de la jeune artiste française, situé entre sciences biologiques et fiction.
La lauréate du prix Occitanie Médicis 2022, Naomi Maury, investit les salles du MRAC à Sérignan et propose, à cette occasion, une immersion totale – aussi bien physique que sensorielle – dans un univers dystopique grâce à un ensemble ambitieux : sculptures, films, installations lumineuses, mais aussi dessins, sons et autres objets activés par des performeurs rythment le parcours de cette impressionnante monographie, qui traduit parfaitement le monde si particulier de l’artiste.
En découvrant ces installations spectaculaires mêlant science, expérience et énigme, le public se voit plongé dans un environnement où passé et avenir semblent fusionner. Il faut dire que Naomi Maury, 32 ans, révèle ici ce qu’elle nomme des « familles de sculptures » qui interagissent entre elles : réalisées à partir de tubes de métal, de prothèses et/ou orthèses de métal tissé, de néon, mais aussi de mousse, de corail et de bois, ces oeuvres surplombées d’un halo lumineux orchestrent de fascinants allers-retours entre archaïsme et futurisme, et inventent au passage des réalités alternatives, presque post-apocalyptiques.
Exosquelettes et sens de la vie
Dans ces réalités, où se déploient une faune et une flore, où cohabitent les arts premiers, l’archéologie, la science-fiction et la biologie, le bestiaire de Naomi Maury prend la forme de sculptures étranges, posées au sol ou suspendues, dans un équilibre instable. Envahissants, ces « Exoskeletlight » impliquent ainsi le spectateur, qui doit les enjamber, les contourner ou simplement y faire attention afin poursuivre sa déambulation. Et y faire attention, c’est aussi prendre conscience de leur message, puissant, profondément lié à la fragilité de notre écosystème à l’heure où la biodiversité est à l’agonie.
Au centre de son exposition, le film The Meaning of Light, tourné à Cabrerolles en 2023, agit comme un point d’ancrage : au milieu des vignes et de la garrigue, des individus hybridés, transhumains, permettent aux spectateurs de penser et panser le monde présent, pour mieux envisager l’avenir, tandis que des performances, pensées en écho à ce court-métrage, reprennent ces ajouts de prothèses dans une chorégraphie épileptique, faisant de l’appareillage une contrainte motrice de la performance.
Si cette dystopie met en scène des formes de vie inconnues, elle permet en fin de compte à nous, humains du XXIème siècle, de nous immerger dans une expérience aussi contemplative que méditative.