Pour la maison britannique, spécialisée dans la vente aux enchères d’œuvres d’art, il s’agit là de répondre à une double ambition : investir la blockchain et séduire les collectionneurs crypto-natifs.
Il n’y a pas longtemps, Fisheye Immersive interrogeait la position des grandes institutions de vente aux enchères face à l’émergence de nouvelles formes artistiques. Sont-elles figées dans une vision étriquée des Beaux-Arts ou osent-elles l’esprit aventureux ? Quelques temps après avoir mis sur pied une équipe d’expert en « art numérique » au sein de Sotheby’s France, la maison britannique démontre à son tour son engagement, et prend de fait une longueur d’avance – à l’internationale cette fois-ci – avec le « Gen Art program ».
À toutes voiles sur la blockchain
Le concept ? Une plateforme dématérialisée, alimentée par Art Blocks Engine. Celle-ci vise à héberger chaque année deux à trois artistes génératifs via une série d’oeuvres exposées en ligne, puis proposées à la vente. Les enchères débutent toujours à 20 ETH. Car oui, l’autre parti pris fort de Sotheby’s est que ces ventes transiteront systématiquement par la blockchain. Signal de confiance envers les crypto-monnaies, mais aussi opération séduction des « collectionneurs crypto-natifs » dont on sait qu’ils ne répondent qu’à ceux qui parlent leur langage… et passent par leurs outils.
Le « Gen Art program » déploie ainsi les grands moyens dans l’idée d’offrir une vitrine à des artistes d’une scène encore confidentielle. Mais le projet, qui ne se revendique pas philanthrope, a plutôt partie liée avec le souvenir frais de ventes mirobolantes, comme celle de l’œuvre NFT The Goose de l’artiste génératif Dimitri Cherniak à 6,2 millions de dollars.
Pourquoi parier sur les arts génératifs ?
Derrière les « arts génératifs », il faut voir des pratiques protéiformes, recourant à des algorithmes, à des intelligences artificielles, à des logiciels informatiques témoignant d’avancées technologiques et de la façon dont des artistes conjuguent avec.
À vos ethers ! 3, 2, 1… Pour sa toute première vente, le 26 juillet, ce sont donc aux pionniers de cet art, à sa tradition (encore toute jeune !), que Sotheby’s souhaite rendre hommage. Vera Molnár, considérée comme la première femme artiste à utiliser l’ordinateur, ce qu’elle fait depuis 1960, proposera ainsi 500 œuvres typographiques uniques générées par un algorithme. Pour l’occasion, la quasi-centenaire a créé en collaboration avec l’artiste Martin Grasser la série Themes and Variations qui explore l’imagination et l’aléatoire de la machine.