À Port Louis, au cœur de Maurice, la House of Digital Art entend explorer l’intersection entre le monde de l’art, de la technologie, du design et des sociétés humaines. En prime, l’institution ambitionne de poser un autre regard, plus créatif, plus contemplatif, sur les spécificités de l’océan Indien.
On entendait les tambours battre impatiemment sur les réseaux sociaux. Depuis le 28 juin dernier, c’est chose faite ! L’océan Indien a désormais son lieu dédié aux arts numériques : la House of Digital Art a ouvert ses portes à Port Louis, capitale de l’archipel Maurice. Ainsi, étroits sont les esprits qui pensent qu’insularité signifie être coupé du monde, la House of Digital Art se voulant être un îlot apte à accueillir toutes les formes d’art, des plus émergentes aux plus nichées, des productions locales à celles venues de l’international. Seul critère : puiser dans la matière illimitée du digital.
Un océan de possibilités
Le teasing officiel vantait un futur lieu « pionnier », étiré sur 600m2 et défiant les clivages désuets entre réel et virtuel. Ou encore, tout aussi prometteur, « un univers réinventé, où l’histoire embrasse l’avenir ». À l’heure de la visite IRL, on découvre un ancien bâtiment historique du 19ème siècle entièrement réinventé, où une salle immersive se love entre les vieilles pierres.
La première exposition, qui fait office de crémaillère, s’inspire quant à elle des mots du mauricien, figure littéraire du panafricanisme, Edouard Maunick : « S’il était un territoire entre midi et minuit ». Une façon de souligner le paradoxe entre un territoire physiquement à l’écart et spirituellement ouvert à l’infini – chose possible grâce aux pouvoirs de l’imagination et du savoir, démultipliés par la « navigation » internet.
On y explore la fluidité d’une porte de passage d’un monde à l’autre, inconnu, qui s’appuie sur la métaphore de l’océan et de ses eaux profondes. La métaphore est filée tout au long des œuvres qui composent ce grand bain immersif, des tableaux digitaux sur la pollution des eaux (Trashdwellers) du duo européen Xenoangel à la Réunionnaise Mathilde Fossy, qui ouvre des fenêtres en réalité virtuelle sur une galaxie d’étoiles. Une sorte d’océan cosmique parfaitement connecté à ce lieu, basé sur une dernière promesse : renouveler les propositions artistiques tous les six mois, dans un évident de souci de diversité.