Non, les NFTs ne sont pas nés avec le Bored Ape Yacht Club et les CryptoPunks. C’est au couple d’artistes numériques Jennifer et Kevin McCoy que l’on doit la première œuvre d’art générative vendue sur la blockchain. Voici son histoire.
Pensée comme une œuvre d’art numérique, Quantum devait également être contemplée et acquise par des voies dématérialisées. Le couple McCoy en a fait une priorité. Le problème ? Il n’existe alors aucun document valable capable d’authentifier le créateur ou l’historique de propriété d’une œuvre d’art numérique. Pour pallier cette impossibilité, Kevin McCoy s’est associé à un entrepreneur technologique, Anil Dash, auprès de qui il s’est penché sur la technologie blockchain, qui apparaissait alors comme la solution toute trouvée.
Nous sommes alors en 2014, et la blockchain est loin de jouir de la même notoriété qu’aujourd’hui. « J’ai eu l’idée d’utiliser la technologie blockchain pour créer une provenance et une propriété indélébiles d’images numériques de ce type. “Quantum” a été le premier à être enregistré de cette manière », explique McCoy après coup.
Un storytelling à l’américaine
À l’occasion d’une conférence Seven on Seven, le couple américain vend une image numérique à Dash pour 4 dollars en utilisant la blockchain, posant au passage les bases de ce qui allait bientôt devenir un véritable raz-de-marée dans le monde de l’art. Si Quantum peut aujourd’hui être qualifié de premier NFT, il faudra attendre près d’une décennie avant que l’œuvre ne soit redécouverte. Installée pendant plusieurs années sur Namecoin Block 174923 (une ramification Bitcoin pré-Ethereum), c’est seulement lors du grand boom NFT de 2021 que McCoy comprend l’ampleur de ce projet, initié sept ans plus tôt. Malin, l’artiste numérique cherche alors à attirer l’attention des médias et, en juin 2021, réussit ainsi à vendre son travail aux enchères chez Sotheby’s, faisant grimper son prix de 4 dollars à plus d’un million.
Le conte de fée aurait pu s’arrêter là. Malheureusement, l’œuvre hébergée sur Namecoin depuis 2014 n’avait pas été renouvelée tous les 250 jours, comme le stipule la plateforme, et a donc perdu sa propriété. Il n’en fallait pas plus pour qu’un esprit malin, le collectionneur EarlyNFT, saute sur l’occasion, récupère les droits de la propriété juste avant la vente et finisse par contester la validité de l’enchère. Affaire classée ? Non. En mars dernier, la presse faisait état d’ un nouveau rebondissement après qu’un juge fédéral new-yorkais ait rejeté la plainte, précisant que l’artiste continuait de frapper son œuvre sur Ethereum, créant de fait deux NFTs différents dans le processus. Une histoire digne d’un scénario hollywoodien.