À travers sa dernière œuvre, la série d’installations d’images animées Cultus, Zach Blas donne des pouvoirs divins à l’intelligence artificielle.
Et si les grands patrons de la Silicon Valley étaient en réalité les prophètes au service d’un Dieu tout puissant nommé « l’IA » ? À travers son œuvre Cultus (du latin « culte »), présentée à la arebyte Gallery de Londres, l’artiste numérique Zach Blas interroge l’aspect religieux de l’intelligence artificielle au sein de l’industrie technologique en s’intéressant notamment aux pouvoirs qui lui sont conférés, ainsi qu’aux mythes et aux croyances qui l’entourent.
Une église 2.0
Deuxième volet de la trilogie acclamée Silicon Trace, questionnant le mysticisme des circuits technologiques, Cultus s’appuie sur la présence du spectateur pour mettre en scène cette dévotion vouée à l’IA. Grâce à un dispositif informatique techno-religieux – un générateur de dieux, un moteur sacré – et à une mise en scène digne des plus grands films de science-fiction, l’oeuvre permet au public d’invoquer tout un panthéon de dieux IA : Exposio, le dieu du désir et de l’exposition de l’intelligence artificielle ; Iudicium, dieu de l’automatisation et du jugement ; Lacrimae, dieu des larmes et de l’extraction ; ou encore Eternus, le dieu de la vie immortelle.
Au milieu de l’espace, entouré d’offrandes sur des socles pyramidaux, un orbe vert palpitant danse avec les lumières célestes. La scène est aussi belle qu’inquiétante, parfaite représentation de ce qu’est l’IA, cette technologie qui fascine autant qu’elle suscite de la méfiance.
En cela, Cultus est semblable à une église 2.0, un engrenage sectaire dont nous sommes finalement tous un peu adepte aujourd’hui. En poussant à l’extrême notre relation avec les nouvelles technologies, Zach Blas met également en lumière la confiance banale que nous leur accordons. Heureusement, un hérétique, caché à l’intérieur de l’œuvre, fait la balance, et nous incite à réfléchir en exposant des contre-croyances bouleversantes. Mais les dieux étant déjà loués, n’est-il pas trop tard pour faire marche arrière ?