Présentée au Salon de Montrouge, cette installation vidéo résume presque à elle seule tout le travail de Gala Hernández López, sa démarche, son goût pour les projets à mi-chemin entre le docu-fiction et la performance, sa volonté d’aborder des thématiques telles que le capitalisme numérique computationnel, le féminisme et, plus globalement, l’état du monde.
Née en 1993 à Murcia en Espagne, Gala Hernández López vit et travaille aujourd’hui entre Paris et Berlin. Actuellement doctorante contractuelle à l’École doctorale Esthétique, Sciences et Technologies des Arts (EDESTA, laboratoire ESTCA) de l’Université de Paris 8, elle développe un projet de recherche-création sur la capture d’écran comme média à l’ère post-Internet. Depuis septembre, elle est également entrée en résidence à l’Académie de France à Madrid, tout en animant des ateliers de recherche-création et des conférences performées à la Filmuniversität Konrad Wolf, en Allemagne, au festival du film de Locarno et à l’École des Beaux-Arts de Marseille.
Véritable hyperactive, visiblement soucieuse de fuir les catégories bien figées, Gala Hernández López ne saurait s’arrêter là : cinéaste, artiste, chercheuse, elle a également co-fondé (et co-dirige) le collectif de recherche et de création travaillant à l’intersection des pratiques artistiques et des cultures Internet, « After Social Networks / Après les Réseaux Sociaux ». À son sujet, on est également ravi de constater que sa démarche universitaire et ses recherches documentaires se prolongent dans une matière plastique constituée de petits bouts d’Internet, générant des œuvres-vidéos qu’elle qualifie elle-même de « docu-fictions. »
Culture web et réflexions anti-capitalistes
Son installation multi-écran For Here Am I Sitting In A Tin Can Far Above The World (2023), qui utilise la dystopie pour aborder les thèmes du capitalisme et de la vie après la mort, est sans doute l’un des meilleurs exemples de sa pratique. Invité à pénétrer dans une salle obscure, le spectateur se laisse alors guider par une voix féminine racontant ses rêves, ses peurs, son intimité, et entame un dialogue imaginaire avec le cryptographe américain Hal Finney, patient cryogénique depuis 2014. Le climat instauré par Gala Hernández López se place ainsi dans un futur fictif, au sein d’une époque secouée par un énorme krach boursier : entre spéculation financière et science-fiction, l’artiste crée ainsi tout un imaginaire visuel à partir de collages de vidéos YouTube, d’images d’archives et d’animation 3D, questionnant au passage le présent et l’avenir.
Présentée au Salon de Montrouge, cette installation vidéo multi-écrans de 18 minutes, à en croire Gala Hernández López, explore également la « sensation d’un flottement temporaire », tout en posant d’évidentes questions : « L’humanité flotte-t-elle dans l’incertitude ou sommes-nous plutôt en chute libre ? Comment différencier les deux étant donné les limites de la perception et de la connaissance humaines ? » Découvrir son travail est encore la meilleure option à envisager pour quiconque souhaite trouver une réponse.