Actuellement exposée à la galerie Cristin Tierney, à New York, l’installation vidéo Leaving Earth de l’Américaine Mary Lucier poétise la mort, qu’elle soit subie ou vécue par ceux qui restent.
Connue pour être une artiste pionnière de l’art vidéo multi-écrans dans les années 1970, Mary Lucier, aujourd’hui âgée de 80 ans, continue d’agrémenter le paysage de l’art numérique grâce à son regard unique et son art de la mise en scène.
Un talent cette fois-ci mis au service de la mémoire de son défunt époux, le peintre et écrivain Robert Berlind, décédé d’un cancer en décembre 2015. Une nouvelle pièce plus personnelle, touchant au domaine de l’intime, qui conjugue de façon sublime chagrin et chaleur.
« Et pourtant… j’oublie de craindre la mort »
À partir d’une installation vidéo et sonore multicanale, l’artiste américaine traduit en image des extraits du dernier journal de son mari, qui y a documenté ses idées et réflexions suite à l’annonce de sa phase terminale. Plus curieux qu’anxieux, il y célèbre la vie, sans peur : « Et pourtant… j’oublie de craindre la mort », écrit-il, philosophe.
Une belle façon d’appréhender une mort prochaine, que Mary Lucier célèbre aujourd’hui grâce à un ensemble de séquences de vidéos protéiformes et d’images fixes majoritairement filmées après le décès de Robert Berlind, à la fois dans son environnement domestique et professionnel, et d’épigraphes apparaissant sous la forme de texte blanc sur fond noir. Un parti-pris de filmer le « pendant » et « l’après » englobant tous les aspects qui touchent au sujet de la mort, du point de vue de la personne concernée à celle qui tente tant bien que mal de gérer l’épreuve du deuil. Touchant !
- Mary Lucier : Leaving Earth, jusqu’au 2 mars 2024, Christin Tierney Gallery, New York.