Atteint d’une maladie vestibulaire chronique, le réalisateur Ben Joseph Andrews nous plonge dans l’enfer de ses migraines le temps d’une expérience mêlant VR et réalité augmentée.
Diagnostiqué à 32 ans d’une maladie neurologique appelée « jamais vu », Ben Joseph Andrews souffre de graves migraines et étourdissements affectant considérablement son quotidien. « Dans cette condition, le calme n’existe pas. Même le pouls de votre corps bouge », explique-t-il au Guardian à l’occasion de la sortie de son nouveau projet, Turbulence: Jamais Vu. Et de poursuivre : « Le simple fait de fermer les yeux est une autre forme de mouvement intense. Les choses que j’entends, les choses que je sens – mon corps les interprète comme du mouvement ».
Au journal anglais, le cinéaste dit aussi que cette expérience mêlant VR et XR (on parle ici de « réalité mixte »), co-réalisée avec l’artiste et productrice australienne Emma Roberts (à ne pas confondre avec la star hollywoodienne du même nom), traduit visuellement et sensoriellement les effets de ce trouble, difficile à décrire à l’oral.
La maladie comme source de créativité
Lorsque l’on se munit d’un casque VR, l’environnement change de façon surréaliste, effaçant toutes les couleurs autour de nous et modifiant, au passage, toute sensation de déjà-vu. « Jamais vu »… On comprend mieux. Ainsi, lorsque l’on bouge notre main droite, c’est la gauche que l’on voit se mouvoir. Les contours des objets se floutent, et attraper un objet devient la chose la plus compliquée du monde.
Mêlant intime et expérience virtuelle, Turbulence: Jamais Vu permet de sensibiliser à une maladie encore peu connue. Un terrain sur lequel la VR a l’habitude d’aller puisque de nombreux projets permettent de se familiariser avec différentes pathologies, de l’autisme à la dysphorie de genre en passant par les troubles paniques. « La réalité virtuelle tente de jouer un rôle médiateur dans notre manière de donner un sens au monde », croit même savoir le réalisateur, spécialisé dans les propositions immersives.
Première partie d’une série d’œuvres en réalité mixte consacrée à la maladie chronique, Turbulence: Jamais Vu se reçoit ainsi un merveilleux exemple d’un obstacle devenu source de créativité.