Depuis le début des années 2000, l’artiste néerlando-brésilien Rafaël Rozendaal s’illustre au sein du paysage informatique, où il fait fusionner peinture et art numérique. Actuellement exposé au MoMA, ce grand nom du net.art à la carrière bien remplie n’en finit plus d’accumuler les projets d’envergure. La preuve par cinq.
2001 – Première exposition
L’arrivée de Rafaël Rozendaal au sein de l’espace artistique se fait à travers la mise en ligne d’un autoportrait. Photographié devant un fond jaune, le créateur basé à Amsterdam invite les internautes du site http://www.whitetrash.nl/ à modifier son apparence en changeant divers éléments, de sa moustache à ses lunettes, en passant par sa coupe de cheveux. Ludique, profondément en phase avec les possibilités d‘Internet, qui se démocratise alors, ce premier travail est illico par remarqué par l’artiste grec Miltos Manetas, initiateur du mouvement Neen, qui l’invite à exposer dans sa galerie de Los Angeles la même année.
2010 – La création de BYOB (Bring Your Own Beamer)
En 2010, Rafaël Rozendaal fonde BYOB, un concept d’exposition open source invitant tout un chacun à créer une exposition d’art médiatique selon trois règles très simples : trouver un espace, inviter de nombreux artistes et apporter des projecteurs. Le but ? Amener Internet dans le monde physique, afin de brouiller encore davantage les frontières entre espaces virtuels et réels. L’opération est un succès : depuis la création du concept, qui monopolise l’attention au sein du Pavillon Internet de la Biennale de Venise en 2011, plus de 150 événements BYOB ont été organisés à travers le monde.
2011 – Art Website Sales Contract
Depuis 2011, le net-artiste vend ses différents sites web (qui enregistrent plus de 40 millions de pages vues) afin intégrer ses collectionneurs à son processus de création grâce à un contrat de vente stipulant que le site acheté doit rester accessible au public. « Le document est à la fois le certificat d’authenticité et un document juridiquement contraignant entre l’artiste et le collectionneur d’art, explique Rafaël Rozendaal sur son site. La vente de sites Web en tant qu’œuvres d’art est encore très récente, et j’espère que ce document pourra aider tout artiste qui souhaite vendre ses œuvres de cette manière. Je pense que vendre une image animée sous un nom de domaine est une solution élégante : l’œuvre est accessible au public, et la propriété est unique, car les noms de domaine sont uniques. » Dix ans avant l’avènement des NFTs, Rozendaal porte donc déjà en lui cette vision, qu’il compte bien exploiter.
2021 – Arrivée dans le domaine des NFTs
Cette vision, cette façon de se positionner en précurseur lui permet à l’évidence d’être l’un des premiers à s’emparer de la blockchain, dès le début de l’année 2021. Ses premières œuvres vendues sous forme de NFT intriguent, fascinent, et se chiffrent rapidement à plusieurs centaines de milliers d’euros, faisant de Rafaël Rozendaal l’une des figures phares du Web3. L’un de ses hauts faits d’armes ? 81 Horizons, une série géométrique d’abord publiée sur la plateforme NFT Opensea avant de donner lieu à un ouvrage éponyme en 2023.
2024 – Installation Light au MoMA
Présent depuis plus de vingt ans sur la scène artistique, Rafaël Rozendaal atteint aujourd’hui la consécration en prenant ses quartiers au MoMA. Le premier étage de l’institution new-yorkaise accueille en effet jusqu’au printemps 2025 Light, une installation numérique présentant une sélection d’œuvres de trois minutes chacune, toutes animées en temps réel par un algorithme formant un site web autonome diffusé en continu sur grand écran. Le condensé vidéo d’une carrière aussi riche que dense, où Internet et les principes d’interaction sont au cœur même du processus créatif.