Signé Thibaut Sève et diffusé le 22 novembre sur CANAL+, le documentaire suit les trois « hackers » du monde de l’art, qui ont érigé l’intelligence artificielle au rang d’artiste.
Amis depuis leur plus tendre enfance, Gauthier et Pierre rencontrent Hugo au lycée pour ne plus jamais se quitter. Alors que les deux premiers filent en école de commerce après le bac, le troisième devient chercheur en intelligence artificielle. Lorsqu’ils décident de s’associer après leurs études, tout porte à croire qu’ils monteront une start-up ou une entreprise dans la tech. C’est pourtant l’art qui finit par les attirer : Hugo, qui a commencé à s’intéresser aux GAN, ces réseaux antagonistes génératifs permettant de créer des œuvres à partir de l’IA, convertit rapidement ses amis et, tous ensemble, ils créent le collectif Obvious en 2017.
Fasciné par la trajectoire de ces artistes autodidactes, que nous avons dernièrement rencontrés longuement, Thibaut Sève réalise le documentaire d’une heure quinze, Obvious, hackers de l’art, qui suit ces amis d’enfance dans leur aventure, revenant sur les moments clés de leur carrière, mais aussi sur leurs rapports amicaux, leur concept novateur et l’IA, qu’ils tentent de démocratiser.
Témoins de la starification
Un an après la création de leur collectif, Hugo, Pierre et Gauthier chamboulent totalement le monde de l’art en vendant leur Portrait d’Edmond de Bellamy chez Christie’s pour la somme de 432 500 dollars – devenait ainsi le premier tableau créé à l’aide d’une IA à être mis aux enchère en salle des ventes. C’est d’ailleurs là le possible point faible de ce documentaire, qui aborde régulièrement ce point et introduit de manière prévisible le succès de ces trois originaux via cet événement historique.
Intelligemment, le documentaire s’attèle également à suivre le collectif dans sa course folle, de la création de NFTs au montage de leur première exposition personnelle. Problème : alors que l’on attendait un peu plus de problématisation quant à la question du numérique dans l’art, le film ne s’intéresse finalement qu’au parcours de ces trois copains, sans chercher à varier vraiment les points du vue.Des galeristes aux collectionneurs, en passant par les spécialistes, tout le monde s’accorde à les dire géniaux, sans vraiment aller plus loin… C’est donc impuissant que l’on observe ce trio fort intriguant, aux idées intéressantes, se transformer en people à travers la caméra de Sève. Dommage.