On y aura cru : la promesse d’une fusion des genres, venue renouveler notre regard sur des chef-d’oeuvres de la peinture grâce aux technologies immersives. Seulement voilà, la société Lighthouse Immersive vient d’annoncer être au bord de la banqueroute… Ce qui interroge : est-il temps d’enterrer le rêve ?
Van Gogh, Frida Kahlo, Gustav Klimt, Claude Monet… Toutes ces expositions immersives ont fait grand bruit cet été, attirant les foules, réjouissant les plus jeunes… Si bien qu’une question s’impose : qui aurait pu s’attendre à ce que l’entreprise derrière ces évènements de grande envergure soit au bord de la banqueroute ?
Révolutionner l’approche des oeuvres picturales. C’était le rêve de la société canadienne Lighthouse Immersive. Fondée en 2019, elle avait fait des immersions artistiques sa spécialité, souhaitait offrir des expériences spectaculaires, pénétrantes, où il serait possible de se plonger dans les toiles comme si elles nous ouvraient les portes d’autres univers. Sur le papier, ça semblait marcher : les ayant-droits lui confiaient l’image des toiles de maîtres, la presse en parlait, les lieux du monde entier lui ouvraient leurs portes… En coulisses, il se murmurait même que l’on était là face au futur de l’art.
Une décélération à l’issue inconnue
Ces peintures grandeur nature, projetées sur écrans à 360°, avaient particulièrement suscité l’engouement après la pandémie mondiale. Puis, très vite, les recettes n’ont plus suivi – ou, du moins, elles n’ont pas suffi à assurer la pérennité du projet. Le 28 juillet, Lighthouse Immersive a donc déposé le bilan avec une dette à hauteur de 16,6 millions de dollars – à croire que cette success story n’était qu’un mirage…
En cause, peut-être, le prix de visite qui flirte avec la coquette somme de 30 euros – dissuasif pour beaucoup. Ou alors est-ce une erreur stratégique, la société ayant peut-être voulu se développer trop vite, vu trop gros dès ses débuts. Rappelons que Lighthouse Immersive s’était implantée dans pas moins de 21 villes d’Amérique du Nord !
Si on a rien vu venir, c’est sans doute aussi que la proposition rencontre encore un bel écho en Europe. Van Gogh à l’Atelier des Lumières a fait un tel carton en 2019 que l’exposition a fini par être reprogrammée cet été. Dès lors, ne tirons-pas le rideau de façon anticipée, le porte-parole de Lighthouse Immersive ayant lui-même parlé de « redimensionnement », et non d’échec. Simple élément de langage ou réel repositionnement stratégique ? Seule certitude : il se pourrait bien que l’on soit surpris du dénouement de cette affaire !