Être artiste, c’est permettre la rencontre avec une œuvre, une pensée, un thème, une esthétique. Pour ce faire, il faut d’abord, du côté de l’artiste en question, s’être fait reconnaître. C’est l’objectif de « Premier contact », série de mini-portraits pensés comme des speed-meeting, des premiers points d’accroche avec de jeunes artistes et leurs univers si singuliers. Cette fois, Fisheye Immersive s’intéresse à Andre O’Shea, artiste numérique originaire d’Atlanta déjà adulé par les plus grands.
Un élément biographique
Originaire d’Atlanta, Andre O’Shea est un jeune crypto-artiste de 28 ans. Animateur 3D à la base, il est notamment connu pour avoir travaillé avec Adult Swim, Snapchat, Tidal et John Legend. Fort d’une maîtrise absolue des outils digitaux, il décide, dès octobre 2020, d’élargir son champ d’action aux NFT et d’explorer davantage son côté créatif. Poétiques et psychédéliques, ses œuvres permettent de générer de nouveaux mondes, de nouvelles réalités où s’expriment librement la beauté et la spiritualité. Aussi radieuses soient-elles, ses projections futuristes sont aussi le moyen pour O’Shea de célébrer la figure noire, encore trop peu présente dans le monde de l’art et particulièrement dans celui de la création numérique.
Une œuvre
En juin dernier, l’artiste à l’esthétique habituellement très pop lance sur Wildxyz « Index Grids », une collection NFT abstraite de grilles pixélisées dont l’apparence évolue en quatre phases au fur et à mesure qu’elles se déplacent entre les portefeuilles. Une véritable collaboration entre artiste et collectionneur qui annonce un tournant plus abstrait dans la pratique d’O’Shea. « Cet intérêt pour l’abstraction a commencé par un peu de réflexion personnelle, en réfléchissant au type d’œuvres d’art que j’apprécie personnellement et en réalisant que l’art que j’aime n’est pas toujours le même que celui que je publie, explique-t-il au média nftnow. En arrière-plan, je travaille pourtant sur des œuvres très conceptuelles et abstraites. »
Avec « Index Grids », Andre O’Shea donne une nouvelle impulsion à sa pratique, qu’il teinte d’une réflexion étayée sur le monde de l’art. Il y explore la relation symbiotique, parfois difficile, et finalement inextricablement liée entre l’œuvre d’art, l’artiste et le marché de l’art – une relation complexe qui se voit amplifiée par le Web3 et les particularités liées à la blockchain. En faisant évoluer chacun des 113 token d’« Index Grids » aussitôt qu’ils sont transférés à un nouveau propriétaire, l’Américain interroge la façon dont le marché affecte la production des artistes.
Un haut fait d’armes
Très proche de la scène musicale, Andre O’Shea a été invité par les Grammys à créer un NFT commémoratif que le public de la célèbre cérémonie a pu acquérir en tant qu’objet officiel de la 64e édition des Grammys Awards. Avec, pour seule contrainte, de réaliser un projet dans le thème « les futures voix de la musique », O’Shea imagine une animation de huit secondes rendant hommage à la création musicale intimiste d’un artiste cloîtrée dans sa chambre.
Mettant en scène des instruments numériques flottants, l’oeuvre alterne les gros plan sur un clavier, sur un ordinateur portable qui s’ouvre ou encore sur un haut-parleur de bureau où sont assis des personnages multicolores, représentant eux-mêmes les futures voix de la musique, qu’il conçoit comme multiformes et multidimensionnelles. Un honneur pour ce jeune artiste, mélomane assumé : « J’ai beaucoup regardé les GRAMMY en grandissant. J’étais obsédé par eux. Je les regardais comme s’il s’agissait d’un événement sportif, comme si c’était un Super Bowl », confiait-il d’ailleurs à l’occasion du lancement.