Être artiste, c’est permettre la rencontre avec une œuvre, une pensée, un thème, une esthétique. Pour ce faire, il faut d’abord, du côté de l’artiste en question, s’être fait reconnaître. C’est l’objectif de « premier contact », série de mini-portraits pensés comme des speed-meeting, des premiers points d’accroche avec de jeunes artistes et leurs univers si singuliers. Cette fois, Fisheye Immersive s’intéresse à Aurélien Meimaris : originaire de Marseille, l’artiste visuel questionne notre rapport fragmenté au réel grâce à une pratique protéiforme mêlant photographie, capture d’écran et génération d’image à l’aide l’IA.
Un élément biographique
Né en 1990, Aurélien Meimaris vit et travaille à Marseille. En 2016, il obtient son DNSEP à l’École Supérieure d’Arts et de Design Marseille Méditerranée avec les félicitations du jury. Si l’entrée dans le monde de l’art est belle, le jeune homme est loin d’être rassasié : la même année, il est sélectionné pour exposer lors d’Artagon II au Passage de Retz à Paris, ainsi qu’à la Collection Lambert d’Avignon, en lien avec l’exposition Rêvez. S’en suivent alors une pléiade d’expositions collectives, de Marseille à Lausanne, pour celui qui est représenté depuis 2021 par la galerie arlésienne Ira Leonis.
À travers sa pratique, éminemment intellectuelle, Aurélien Meimaris cristallise notre rapport médiatisé, distancié et fragmenté au réel. Grâce à une multitude de médiums (photographie, vidéo, capture d’écran dans des espaces virtuels, génération d’image assistée par IA…), il témoigne également d’une aisance évidente à s’approprier des formes aussi conceptuelles que documentaires.
Une oeuvre
Pour résumer le style d’Aurélien Meimaris, il convient de se tourner vers Abîmes. Pensé via l’association de ses différents médiums de prédilection, ce projet assemble différentes séries interrogeant toutes, de façon individuelle, la nature de multiples régimes de représentation. « Devant chaque image, le spectateur est amené à exercer une interprétation à plusieurs degrés, à établir des connexions hypertextuelles et à s’interroger sur la nature de ce qui lui est donné à voir », explique l’artiste, visiblement attiré par la possibilité d’envisager les images numériques comme un terrain de jeu rêvé pour l’imagination.
Une actualité
L’une de ces séries, Santa Monica, actuellement présentée dans le cadre d’Octobre Numérique (festival en Pays d’Arles, dédié aux mondes virtuels inclusifs), s’intéresse au fantasme projeté par l’artiste français sur les États-Unis. « Ce projet partait d’une image mentale, détaille-t-il. Celle que je me faisais du noyau du soft power américain : Los Angeles ».
Après avoir capturé l’objet de ses fantasmes en 2014 suite à un voyage du côté de Santa Monica, Aurélien Meimaris y est ensuite retourné via Google Street View, puis grâce au jeu vidéo GTA V, copie synthétique et modifiée de Los Angeles, afin de mettre en forme trois versions de la cité des anges, aussi réelles que fictives. En 2023, suite à l’arrivée de Midjourney, l’artiste a également décidé de faire fusionner ces trois images afin de n’en créer qu’une : celle d’un lieu inexistant, entre mirages et simulacres, qui représente pourtant bel et bien un lieu réel. Une façon, selon Aurélien Meimaris, de mettre en scène ce qu’il nomme « la terre promise de la simulation ».