Avec Sabrina Ratté, artiste digitale passionnée d’architecture et de prospective, versant utopique ou dystopique, la 3D se fait visionnaire. L’Arsenal art contemporain lui dédie, avec Futurs spéculaires, sa première exposition monographique à Montréal. À voir jusqu’au 13 août.
Sabrina Ratté, star internationale de l’art numérique, n’en est pas à sa première consécration. L’année passée, le Musée des beaux-arts de Montréal lui laissait champ libre pour projeter sa vidéo Contre-espace sur sa façade. Autant dire une belle vitrine ! Cette fois-ci, au tour de l’Arsenal art contemporain d’inviter la Canadienne. Pour l’exposition Futurs spéculaires, le choix a été de se concentrer sur une facette particulière de son travail. Ses « objets-monde » produisent des visions futuristes à partir d’images tirées du réel, prenant la forme de films, de sculptures, d’installations… L’Arsenal art contemporain en présente une sélection de dix-sept pièces.
Place aux rêves (prémonitoires)
Son médium principal n’est autre que la vidéo analogique mais aussi la photogrammétrie. Une constante ; Sabrina Ratté voit dans les images enregistrées un « matériau malléable », pouvant le distordre à souhait. Ainsi, elle livre des fragments visuels qui, partant de l’existant, bifurquent vers l’imaginaire et l’abstraction. On comprend que la métamorphose constitue sa méthode pour prédire des « futurs potentiels« . L’architecture, les paysages, les milieux écosystémiques… sont au coeur de sa recherche. Citons l’oeuvre 3D Floralia qui crée un jardin virtuel, imaginant une époque où les plantes physiques auraient disparu de la planète et où leurs images ne persisteraient que sous forme holographique. D’ailleurs, l’artiste rappelle que le Scan 3D est déjà une technique largement exploitée dans nos systèmes actuels d’archivage. La fiction flirte avec le présent.
Au bout du compte, ses « objets-monde » sont des oeuvres physiques ou virtuelles qui donnent à penser des réalités alternatives, pas toujours très éloignées de la nôtre. Mais à la pure science-fiction, la trentenaire privilégie une approche poétique, moins explicite, propice au rêve et à l’appropriation par chacun des scénarios ébauchés.