Si nous avions déjà fait le constat pour l’intelligence artificielle, nous ne nous étions pas encore vraiment penché sur l’empreinte carbone de la réalité augmentée. Verdict ?
Imaginé en 2022 à l’initiative de nombreux professionnels du numérique et de l’économie sociale et solidaire tels que Tiny Plantes, Novelab ou encore Coopérative Carbone, le CEPIR (Cas d’Étude pour un Immersif Responsable) est un projet soutenu à hauteur de 70% par l’État. L’objectif ? Proposer une étude référence pour le secteur de la XR. « L’idée est de constituer un solide corpus de documents, explique à HACNUMedia Amaury La Burthe, co-initiateur du CEPIR. Les experts du CEPIR ont ainsi analysé l’ACV de casques VR (analyse du cycle de vie, ndlr), leur impact carbone, sur l’eau et les ressources amniotiques. Il y a aussi des fiches de bonnes pratiques pour la conception, la production et la diffusion. Un rapport final et un calculateur carbone, sous forme de fichier Excel et joint avec une notice, sont également téléchargeables. »
Le coût de l’expérience
Pour calculer ces estimations, les experts se sont appuyés sur des cas concrets. L’évaluation de l’empreinte carbone a ainsi été réalisée à partir de deux œuvres VR : Umami (2018) et Okawari (2022). « L’impact d’Unami a été étudié a posteriori de sa création et de sa diffusion, retrace Amaury La Burthe, toujours pour HACNUMedia. En revanche pour Okawari, nous avons étudié l’impact dès les premiers jours de la création du projet en réfléchissant aux indicateurs GES à prendre en compte ». Ainsi, le CEPIR met rapidement le doigt sur différents éléments permettant de dresser un bilan carbone : la consommation énergétique du bâtiment, le déplacement des publics pour voir l’œuvre (à Venice Immersive ou à Lumières sur le Quai pour Okawari, par exemple), leur hébergement, la conception/fabrication de l’œuvre… Mais aussi l’analyse des cycles de vie des casques.
Prise de conscience et solutions
Pour mener à bien son étude, l’équipe du CEPIR a en effet démonté 4 casques anonymisés et leurs manettes, puis pesé ou mesuré les différents composants selon 16 critères environnementaux. Ces ACV ont permis d’identifier deux facteurs d’émissions : le premier concerne les casques VR avec un écran LCD, le second les casques VR avec un écran OLED. S’ajoutent à cela les émissions additionnels provenant des batteries, des manettes ou même de la box internet, qui ont elles aussi été prises en compte.
Concrètement, cela se traduit évidemment en quelques chiffres intéressants à avoir en tête : quand le casque VR écran LCD et 2 manettes représentent 50 kgCO₂e/pack, le casque VR écran OLED et 2 manettes grimpe à 92 kgCO₂e/pack ! L’étude nous apprend également que la fabrication et le transport d’un casque VR et de ses manettes consomment en moyenne 100 m3 d’eau et l’équivalent de 27 litres de pétrole, soit l’équivalent de la consommation annuelle de deux Français… Conscient des efforts à mener pour rendre le secteur de la XR plus écoresponsable, le CEPIR accompagne son étude d’une synthèse prospective à l’horizon 2050, ainsi qu’un guide de bonnes pratiques à mettre en place pour que l’écologie ne soit plus qu’une obsession thématique des artistes, mais bien un élément à placer au centre de leur processus de création.