À l’occasion de sa dernière collaboration pour Gucci, retour sur le parcours d’un artiste numérique français qui n’hésite pas à sortir des marketplace NFT.
Parti pour devenir ingénieur, le jeune Alexis André, encore étudiant, et ses amis organisent des soirées au sein de son école. Rapidement, il commence à créer des visuels pour en faire la promotion, et élargit très vite sa pratique à l’animation, ne serait-ce que pour projeter ses images sur des écrans lors de ces fameux événements. Nous sommes alors au début des années 2000, et Alexis André voit une nouvelle vocation se dessiner. Parti au Japon en 2002 pour poursuivre ses études, il n’a jamais mis de côté ce qu’il considère alors comme un passe-temps, améliorant ses visuels, les faisant réagir à la musique, les faisant passer de simple décoration festive à de véritables installations interactives.
Il faudra toutefois attendre le Covid pour qu’Alexis André réfléchisse officiellement à faire de sa pratique artistique un métier à part entière. « À l’arrivée du Covid, je me suis dit que le Japon avait des règles un petit peu strictes vis-à-vis des étrangers, confie-t-il au micro de NFT Morning. On avait le droit de partir du Japon, mais on n’avait pas le droit de revenir. Je me suis donc posé la question : qu’est-ce que je pourrais faire pour gagner ma vie qui ne serait pas lié à ma présence quelque part dans le monde ? C’est là que je me suis intéressé à la vente d’art digital et que j’ai rencontré les NFTs grâce à Artnome, un des critiques d’art génératif les plus connus, qui commençait à parler de SuperRare. J’ai donc postulé pour SuperRare, j’ai été accepté et j’ai créé mon premier NFT en août 2020. »
Quand les NFT côtoient le monde du luxe
Depuis, il n’a jamais quitté le monde de l’art numérique et des NFTs. Sauf, peut-être, à l’occasion de collaborations particulières, où sa pratique générative prend de nouvelles formes. Aussi, quand Ismail Tazi, le CEO de l’éditeur de design Trame, lui propose de transposer son art sur une tapisserie murale monumentale, Alexis André embarque dans le premier avion, direction Felletin (Creuse), où se trouve le célèbre métier à tisser numérique de Néolice. Grâce à un algorithme communiquant directement avec la machine, l’artiste réalise huit tapisseries uniques de 170 x 250 cm spécialement pour les huit premiers acquéreurs de sa série de NFT Navette, disponible sur le site de Trame. D’une qualité digne d’une tapisserie d’Aubusson, les toiles déclinent les formes psychédéliques chères au cœur d’André, comme pour acter l’union, parfaite, fusionelle, entre le savoir-faire ancestral et les nouveaux outils numériques.
Autre fait d’arme ? Récemment, Alexis André a été invité par Gucci à réaliser des œuvres inspirées par l’exposition Guccis Cosmos, présentée à la Maison de Vente Christie’s. En parallèle de cet événement physique, l’initiative a fait l’objet d’une déclinaison éphémère au sein de la plateforme de jeu The Sandbox, où Gucci a fait l’acquisition d’un terrain virtuel l’année dernière permettant de découvrir le projet Parallel Universes: From Future Frequencies to Gucci Cosmos. Ce dernier, hautement ambitieux, regroupe les travaux de neuf artistes internationaux : Alexis Christodoulou, Amy Goodchild, Joann, Jacqui Kenny, Thomas Lin Pedersen, Harvey Rayner, Sasha Stiles, Melissa Wiederrecht et, bien entendu, Alexis André.