Alors que le Grand Palais Immersif consacre sa nouvelle saison à l’art urbain, les street-artistes semblent eux aussi intégrer les nouvelles technologies dans leur pratique. À l’image de l’artiste allemand Alsino Skowronnek, graffeur passionné par l’IA.
À la fois graffeur et programmeur, Alsino Skowronnek s’intéresse depuis 2019 au machine learning dans l’idée de donner une nouvelle dimension à son art. Fasciné par les signatures et les différentes graphies des tagueurs, l’Allemand utilise l’IA afin de discerner au mieux les nuances structurelles de tous les types de graffitis : une approche qui lui a notamment permis de générer des « ghost tag » à partir de textes tapés en ligne.
De la bombe aux algorithmes
Cette expérimentation stylistiques et technique n’était finalement qu’une première étape pour Alsino Skowronnek qui continue depuis d’explorer différents modèles de machine learning, tels pix2pix et styleGAN. Notons que ces derniers deviennent chez lui de véritables supports artistiques, et non plus simplement des outils de recherche.
Grâce à ces deux programmes, celui qui se définit autant comme graffeur que comme designer tente de faire cohabiter son expérience et son goût du numérique avec l’art urbain (actuellement mis à l’honneur au Grand Palais Immersif via l’exposition Loading). Mieux, il réussit à identifier des algorithmes qui constituent aujourd’hui le fondement des éléments structurels de son travail, influençant la composition, le contexte et même le rendu final.
À entendre Alsino Skowronnek, il n’existerait d’ailleurs « aucun modèle établi pour une telle fusion aux premiers stades de la technologie d’apprentissage automatique. » Raison pour laquelle son processus de création implique de multiples allers-retours, incite à accepter, si ce n’est l’erreur, du moins l’échec : « Cela a nécessité de nombreux essais et erreurs jusqu’à ce que je découvre un ensemble d’algorithmes qui correspondaient à ma vision artistique. » Un tant de recherches bénéfique, tant Alsino Skowronnek orchestre ici le mariage idéal entre précision technologique et émotion humaine !
Outre des rendus à l’esthétisme salué par les professionnels du monde de l’art, sa pratique déclenche également des discussions autour des relations jusqu’alors inenvisageables entre art urbain, peinture analogique et technologie. Conséquence ? Depuis sa dernière exposition personnelle, Excavation Trail au Piramidón Centre d’Art Contemporani de Barcelone au printemps 2023, Alsino Skowronnek est possiblement en passe de s’imposer comme l’un des pionniers d’un mouvement qui n’en serait qu’à ses prémices.