Cette année, Sónar Realities+D se transforme en un véritable terrain de jeu VR ! Curaté par Fabbula, en partenariat avec Octobre Numérique – Faire Monde, l’événement invite une pléiade d’artistes d’avant-garde à réfléchir à la question environnementale à travers la création d’univers virtuels. Parmi eux, un jeune français du nom de Jérémy Griffaud.
Diplômé d’un master DNSEP option art en 2017 à l’École Supérieure d’Arts Plastiques de la Ville de Monaco, Jérémy Griffaud défend depuis une pratique hybride à travers des dispositifs où le réel se mêle au virtuel, et inversement. Comment ? En peignant des aquarelles d’un mode imaginaire qu’il numérise ensuite afin de les animer via l’ordinateur.
Toutes les créations de l’artiste niçois, résident de la Villa Médicis en 2023, n’ont pas vocation à être interactives, mais force est de constater qu’elles trouvent leur pleine mesure lorsqu’elles s’appuient sur des moteurs de jeu vidéo, un casque de réalité virtuelle et des projections monumentales dans des installations qui prennent soudain la forme d’environnements immersifs aptes à bousculer le spectateur. Qui n’est plus seulement là pour admirer une œuvre, mais bien pour la faire vivre.
Un art fantastique
Ce processus de création, on le retrouve globalement à chacun de ses projets, programmés dans divers évènements (OVNi, Biennale Artpress, Make Some Noise) et portés systématiquement par une thématique forte : la marchandisation de l’art et de la révolte dans le film Appropriation, le désir de célébrité suscité par les réseaux sociaux dans Dungeon, le culte du corps dans Landstrength ou encore les problématiques de l’anthropocène dans Contre-Nature ou The PowerPlant. Cette dernière réflexion constitue même le cœur de sa dernière création, The Origin of Things : The Garden, une installation vidéo interactive présentée à l’occasion du festival barcelonais Sónar+D. Soit une plongée dans un jardin fantastique peuplé d’espèces végétales uniques, épines dorsales d’une mystérieuse production technologique, où le spectateur endosse le rôle de performeur et doit assumer la responsabilité du soin de ce site de production en empêchant la gestion des usines de tourner au chaos.
The Origin of Things : The Garden brille donc autant par son esthétique féérique que par son sujet, qui évoque notre rapport à la nature et aux êtres vivants évoluant au fil des innovations scientifiques. Derrière une enveloppe merveilleuse, volontiers science-fictionnelle, Jérémy Griffaud y interroge également l’aspect éthique de l’artificialisation de la vie et pose la question fatidique : « Qu’allons-nous faire de la nature à l’heure des progrès de l’intelligence artificielle, de la robotique et de la chimie ? »