Il y a quelques jours, Paris + par Art Basel le rappelait avec force : ces dernières années, les foires poussent comme des champignons et, avec elles, une multitude de noms « à retenir » . L’occasion pour la rédaction de Fisheye Immersive d’être à son tour dans la prescription et d’inviter quiconque à découvrir ces dix crypto-artistes. Parce qu’ils et elles font l’art d’aujourd’hui, et parce que l’on est persuadé que c’est parti pour durer.
SPUTNIKO !
De son vrai nom Hiro Ōzaki, SPUTNIKO ! est une artiste multimédia dont les œuvres portent sur les questions de genres et de féminismes à l’ère du digital. Personnalité incontournable de la scène crypto, elle a récemment été désignée comme l’une des jeunes leaders mondiaux par le Forum économique mondial, et distille son savoir au MIT Media Lab et à l’Université des Arts de Tokyo.
Fait encore rare pour les artistes numériques, ses œuvres ont fini par intégrer de prestigieuses collections permanentes, comme celles du Victoria and Albert Museum (Royaume-Uni) et du 21st Century Museum of Contemporary Art, Kanazawa (Japon).
Shaga O’Nhan
Également connu sous le pseudonyme « PetiShaMiaou », Shaga O’Nhan est à l’origine chercheur en informatique – plus précisément encore en radiophysique – et gagne sa vie en travaillant sur le traitement d’images. Ce n’est qu’en 2021 qu’il se tourne vers une pratique artistique en vendant ses œuvres NFT sur la blockchain Harmony, avant de rejoindre Tezos. Ses créations, souvent interactives, sont largement inspirées de l’esthétique des premiers jeux vidéo et des mouvements pixel art du début des années 2000.
Anya Asano
Anya Asano est un avatar numérique anonyme basé à Oakland, en Californie, qui se présente comme une « artiste digitale créant des schémas synthétiques colorés ». Transcendant les frontières des formes d’art traditionnelles, sa pratique vise à fusionner plusieurs technologies numériques afin de créer un langage visuel unique. Il faut ainsi voir Asano se réapproprier différents outils informatiques (tels que Blender, Adobe After Effects, des algorithmes d’IA et diverses techniques de glitch) pour comprendre à quel point ce qu’elle crée ressemble à un véritable kaléidoscope de couleurs, de formes et de textures, où le virtuel et le réel ne se dissocient plus.
Melissa Wiederrecht
Née aux États-Unis, dans le Wyoming, Melissa Wiederrecht vit et travaille aujourd’hui à La Mecque, en Arabie Saoudite. Après avoir obtenu une maîtrise en informatique, elle se tourne rapidement vers une pratique artistique en se servant de ses compétences dans le domaine du code, générant ainsi des compositions abstraites qui évoquent une connexion avec l’infini.
Inspirée par sa foi musulmane, ses origines américaines, mais aussi par les récits qui parsèment l’histoire de l’immigration, Melissa Wiederrecht envisage son art comme une ode à la mixité, une célébration du mélange des cultures. En témoigne son propos, systématiquement teinté d’harmonie et de paix.
Mera Takeru
C’est en 2019 que Mera Takeru commence en autodidacte à produire des NFT via l’application iOS « Edition », une première dans le monde du crypto-art japonais. Depuis, son travail se situe au carrefour de la philosophie blockchain et de la culture traditionnelle japonaise, offrant ainsi un résultat complètement inédit. Pas étonnant donc qu’en avril dernier, Mera Takeru ait été invité à intervenir lors du « NFT NYC 2023 », l’un des plus grand événements NFT de ces dernières années. Pas étonnant non plus qu’il soit également devenu le premier Japonais à réaliser une exposition personnelle à la NFT Factory à Paris.
Excalibur
Excalibur est un collectif de crypto-artistes fondé par Yoshinori Tanaka. Très largement inspiré par le pixel art, le groupe en a conservé une science du détail, une minutie, une volonté de ne rien laisser au hasard. Une couleur, un chiffre, un motif : tout est ici savamment étudié, et tout a un sens. Que ce soit via des images fixes, des animations, des œuvres interactives, en NFT ou non, les travaux d’Excalibur se veulent à la fois intemporels et ultra-contemporains, selon un équilibre millimétré, presque mathématique, que le collectif maîtrise à la perfection.
Guile Twardowski
Originaire du Brésil, Guile Twardowski a beaucoup voyagé avant de s’installer au Canada, où il vit et travaille aujourd’hui. Peut être est-ce ce goût de l’aventure qui l’a poussé à s’intéresser aux NFT alors que ces moyens de traçage n’en étaient qu’à leurs balbutiements, en créant notamment l’entreprise spécialisée Dapper Labs. Designer de formation, Guile Twardowski est désormais l’artiste derrière les bien-aimés CryptoKitties, qui ont déchainé la toile à leurs débuts (2017) et ouvert aux NFT les portes de l’espace muséal : aujourd’hui, son travail est autant exposé au ZKM de Karlsruhe qu’au Pavillon Schinkel de Berlin.
Alonso Cedillo
Millénial par excellence, Alonso Cedillo est passionné par la culture internet, et le post-internet, qui devient alors un véritable médium. Depuis 2012, il s’intéresse de près à la réalité virtuelle et à la réalité augmentée, créant des événements où les joueurs/membres du public sont invités à interagir avec ses œuvres. Brouillant les frontières entre réel et fictif, comme tant d’autres artistes actuellement, le travail de Cedillo se singularise lorsque ce dernier cherche à mettre en évidence l’importance et le caractère unique des données générées par le travail humain, qu’il considère comme l’axe le plus important de l’économie actuelle.
Pak
Longtemps appelé le « Satoshi du Crypto art » – en référence à Satoshi Nakamoto, le créateur du Bitcoin longtemps resté anonyme -, Pak a fait de sa discrétion un atout en se hissant doucement au rang d’artiste incontournable de la scène NFT. Est-ce un créateur seul ? S’agit-il d’un collectif ? Seul le temps nous le dira.
Seule certitude : ses œuvres combinant motifs monochromes et formes géométriques ont su séduire les collectionneurs de la blockchain. La preuve : en 2021, une vente monographique organisée par Sothesby’s a rapporté un total de 16 825 999 dollars.
Fewocious
20 ans seulement, et un CV long comme le bras. Voilà comment résumer Fewocious, étoile montante du monde de l’art numérique. Originaire de Las Vegas, le jeune artiste s’est rapidement fait un nom dans le secteur du crypto-art, en « popisant » le domaine, aussi bien par son style coloré et régressif que par ses choix plus commerciaux. En mars 2021, par exemple, il a notamment collaboré avec RTFKT, le créateur de baskets et d’objets de collection, lui permettant dans la foulée d’accompagner ses NFT d’une paire de sneakers ou d’un autre accessoire de mode. Résultat ? Plus de 3 millions de dollars générés en sept minutes.