À chaque fin de printemps, Barcelone se transforme en capitale de la musique électronique et des shows visuels, 3D ou non. 2025 ne déroge pas à la règle : du 12 au 14 juin, le Sónar+D revient en effet avec une programmation plus musclée que jamais. On vous dit tout.
Trois jours pour mettre les musiques électroniques et les arts numériques à l’honneur ? Pari accepté par Barcelone, qui rempile pour une nouvelle édition du Sónar+D, son incontournable festival dans le festival (Sónar by Day), dont la programmation s’organise cette année autour d’une thématique désormais inévitable : l’art à l’ère de l’IA.
Articulée autour de trois axes (« IA + Créativité », « Futuring the Creative Industries » et « Worlds to Come »), l’édition 2025 du Sónar+D entend offrir aux curieux la possibilité de participer à des tables rondes, des masterclass, et des débats entre deux performances audiovisuelles et diverses expositions. Car oui, au Sónar+D, on ne se contente pas d’en mettre plein les yeux et les oreilles : on s’instruit et on s’interroge, guidés par les grands noms de la création contemporaine.
Musique et IA
Organisé par S+T+ARTS, « Introducing AI & Music » s’annonce déjà comme le plus grand rassemblement européen d’experts en musique et en IA. Réunissant des dizaines d’artistes multidisciplinaires, de chercheurs et de professionnels de l’intelligence artificielle, ce point fort de Sónar+D se penche sur le futur de la relation entre l’IA et de la créativité sonore. Le point de départ idéal pour mieux appréhender l’art du Thaïlandais ญาบอยฮานอย (yaboihanoi), dont les travaux fusionnent musique traditionnelle et outils génératifs. Le temps d’une performance, d’abord, puis à travers une masterclass intitulée « Lemongrass & Bass : A Thai Recipe for AI Music », au cours de laquelle l’artiste tentera d’expliquer les différents outils utilisés et la méthode appliquée pour marier des sons ancestraux avec des outils plus actuels.
Le spectacle vivant n’échappe pas non plus à ces nouvelles perspectives de création. Ainsi, la musicienne Maria Arnal présentera pour la première fois son tout nouveau spectacle, Ama, qui mélange chant et IA – une performance complétée par des lives de Patten, Ville Haimala (« Hyporeal ») et R-010 & Venerandi (« Phenomena » ), dont les créations musicales se construisent également autour des nouveaux outils génératifs. À l’occasion d’un concert inédit, la musicienne Dania et l’artiste visuel Mau Morgó utiliseront quant à eux des instruments créés à partir de scans 3D d’artefacts mésopotamiens du British Museum.
Parmi les autres points forts de cette programmation, on trouve la présentation AudioStellar, un logiciel pionnier pour la création musicale avec l’IA ; une conférence de la professeure d’informatique créative Rebecca Fiebrink (Université des Arts de Londres) ou encore un hacklab dirigé par les chercheurs Peter Kirn et Anna Xambó (Université Queen Mary de Londres).
Les arts visuels à l’honneur
Si le Sónar+D est l’occasion de questionner l’évolution de la création musicale à la lumière des nouveaux outils, l’évènement interroge également le futur de l’art visuel et du patrimoine. Une mise au point qui débute autour de l’exposition Lux Mundi, une réplique de l’abside de Sant Climent de Taüll signée Alba G. Corral, Massó, et Tarta Relena, et qui se poursuit devant SYNAPTICON, une performance de l’artiste expérimental, docteur en sciences cognitives et professeur Albert.DATA ; l’occasion pour ce dernier d’exposer (littéralement) ses pensées au public grâce à des interfaces cerveau-ordinateur. De leurs côtés, les membres de Forensic Architecture, spécialisés dans les enquêtes sur les cas de violence d’État et de violations des droits humains, s’associent au musicien Bill Kouligas afin d’imaginer un récit audiovisuel unique. Comment ? En associant des paysages sonores génératifs à des témoignages oraux et des cartographies 3D afin de poser un regard critique sur la colonisation de la Namibie.
Situé entre jeu vidéo et performance, WE CAN’T PRETEND ANYMORE de Danielle Braithwaite-Shirley offre quant à lui une démonstration palpable des liens poreux entre IA et création visuelle numérique. La transition idéale pour passer de la représentation à la théorisation intellectuelle, qui n’est pas en reste lors de ce festival. Multipliant les interventions de spécialiste, le Sónar+D s’appuie par exemple sur l’artiste et ingénieure Xin Liu, qui présentera une conférence audiovisuelle intitulée « Métabolisme cosmique », axée sur la conquête spatiale 2.0. Même format pour Libby Heaney, docteure en sciences quantiques et première artiste au monde à utiliser l’informatique quantique dans l’art, qui présentera une conférence-performance originale intitulée « Eat My Multiverse », questionnant le genre. Et encore : tout ceci n’est qu’un petit aperçu d’un programme en réalité particulièrement dense. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du Sónar+D.