Grand nom de la photographie, Victor Burgin fait actuellement l’objet d’une grande monographie au Jeu de Paume. L’occasion d’acter l’évolution significative de l’artiste, dont les œuvres conceptuelles de jeunesse font aujourd’hui place à de l’art numérique.
Né en 1941 en Grande-Bretagne, Victor Burgin se fait connaître à la fin des années 1960 grâce à une exposition clée : Quand les attitudes deviennent forme organisée en 1969 à la Kunsthalle de Berne, où l’artiste présente des photographies conceptuelles qui explorent alors le lien entre les images fixes, les images en mouvement et la beauté des mots.
L’art à 360°
Ce rapport entre le visuel et la sémiotique est précisément celui qu’il continue d’explorer lors des décennies suivantes, s’inscrivant dans une mouvance intellectuelle menée par Roland Barthes et son ouvrage La Chambre claire (1980). En plus de ses tirages, Burgin produit des instructions au sein desquelles il invite le spectateur à participer à la création de l’œuvre. Écrivain, professeur d’université, Victor Burgin s’impose également comme un véritable théoricien : de l’image, en général, et de la photographie, en particulier. Sans jamais oublier de s’inscrire dans son temps (via la conception 3D, les œuvres à 360°) afin d’offrir de nouvelles dimensions à son travail : la série Young Oaks (2020) ou l’œuvre A Place To Read (2010) en attestent.
Entretenant un rapport très cérébral à sa pratique plastique, l’artiste s’intéresse logiquement aux avancées technologiques pour continuer de nourrir sa réflexion. C’est donc tout naturellement que Victor Burgin fait aujourd’hui évoluer ses photographies en images générées par des logiciels de modélisations 3D. À travers l’exposition Ça (visible jusqu’au 28 janvier), le Jeu de Paume s’en fait le témoin en présentant notamment, en avant-première, le dernier travail de l’artiste.
Baptisée Adaptation, l’œuvre, spécialement conçue pour l’exposition et inspirée par Solaris de Tarkovski, est d’ailleurs la dernière produite par Burgin suivant cette technique. La preuve que, même à 82, le Britannique n’a rien perdu de sa soif créative.