Matérialiser ce qui échappe à notre perception ; créer un point de connexion entre l’art, la science et la spiritualité ; éprouver l’union entre l’infiniment petit et l’infiniment vibrant : à la galerie Da-End, jusqu’au 11 mai, le trio Bones & Clouds fait encore mieux que de prolonger ce qui l’anime, il redéfinit notre relation aux nouvelles technologies.
A priori, difficile d’associer les termes « virtuel » et « immatériel » à l’activité de verrier. C’est pourtant bien là tout le projet du trio Bones & Clouds, né en 2021 et formé autour de la souffleuse de verre Kim KototamaLune et des vidéastes Jean-Benoist Sallé et Stéphane Baz. Ensemble, les trois comparses s’intéressent notamment au « langage des ondes comme essence même du vivant » via un ensemble d’oeuvres éthérées, visibles actuellement au cœur de la galerie Da-End, basée dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris. En sous-texte, une même envie : repousser les limites du visible.
Révéler l’invisible
À en croire la galerie Da-End, Bones & Clouds a imaginé cette exposition comme un ensemble immersif et atmosphérique où l’organique prend une nouvelle dimension grâce à l’art vidéo et au numérique. « Le virtuel nous ramène à la question de l’invisible », précise Kim KototamaLune. Ainsi, on ne s’étonne pas de découvrir au milieu d’une série de sculptures abstraites en verre et de rochers suspendus à la manière de pendules, l’œuvre R.Y.Z.O.H.M, qui fait dialoguer savoir-faire traditionnel et intelligence artificielle. L’idée ? Utiliser les algorithmes pour relier des ondes cérébrales aux circuits informatiques.
En faisant le parallèle entre digital et spiritualité, l’œuvre fait de la machine l’évident prolongement du cerveau. À quelques pas de là, toujours à la frontière de l’art, de la science et de la conscience, de multiples cubes en verre, évoquant des cellules vivantes, renferment des « ondes-embryons » liquides en pleine mutation qui, en se reflétant sur une structure en miroir, matérialisent l’aspect continu du flux des ondes qui nous entoure, celui que nous provoquons.
La libération des ondes
Ça n’a peut-être l’air de rien dit comme ça, mais À quoi rêvent les ondes ? est l’opportunité de changer de perception et de concevoir le monde comme un tout, lié par des ondes rêveuses et bavardes, plutôt que comme une suite d’entités indépendantes. Car, oui, chez Bones & Clouds, l’art se veut révélateur d’invisible, et fait intelligemment le pont entre ce que l’on sait et les différents mystères qui régissent le monde.
- À quoi rêvent les ondes ?, Bones & Clouds, jusqu’au 11.05.2024, Galerie Da-End, Paris.