John Maeda, Golan Levin, LIA, Joshua Davis, Helena Sarin : tous ces artistes semblent injustement tenus à l’écart de la reconnaissance publique. Pourtant, tous témoignent d’une démarche avant-gardiste, et d’un rôle essentiel dans la promotion de l’art génératif. Bonne nouvelle : ils figurent tous au sein de Awaken, Metamagical Hands, une exposition virtuelle mettant en lumière des artistes pionniers de la création assistée par ordinateur.
Présentée sur la plateforme en ligne Gazall.io, Awaken, Metamagical Hands rassemble jusqu’au 21 septembre des œuvres inédites d’artistes pourtant bien connus pour avoir repoussé les limites de ce qui peut être visualisé et créé avec du code. « Il ne s’agit pas de programmation informatique ou d’intelligence artificielle, souligne le commissaire d’exposition, l’artiste John Maeda, qui invite des pointures à s’emparer de l’espace numérique. Il s’agit de personnes qui ont laissé leur empreinte dans le domaine informatique et qui ont l’intention d’en laisser encore plus (…) pour mettre leurs idées au premier plan ». Chez Fisheye Immersive, on profite donc de cette exposition en cours pour revenir sur le parcours de cinq de ces figures pionnières.
John Maeda : entre design et code
Quoi de mieux pour débuter cet article rétrospectif que de commencer par celui à qui l’ont doit un tel évènement, John Maeda ? Connu pour ses expérimentations à la croisée de l’art et de la technologie, l’artiste et chercheur américain est un pionnier dans l’utilisation des langages informatiques afin de générer des visuels dynamiques. Diplômé du MIT Media Lab, ce dernier explore notamment la manière dont le design graphique peut se transformer à travers le code, persuadé depuis plus de trente ans que ces différentes données peuvent modifier l’art, de sa conception à sa réalisation.
Les œuvres de John Maeda, souvent minimalistes, fusionnent ainsi des formes géométriques et des couleurs vibrantes afin de créer des compositions en perpétuelle évolution, dont on continue encore aujourd’hui de mesurer l’influence sur plusieurs générations d’artistes et de designers, tous fascinés par la capacité de l’Américain à envisager la programmation de la même manière qu’un peintre considérerait les différentes couleurs à sa disposition.
Golan Levin : l’art interactif à l’honneur
Golan Levin est un artiste et ingénieur dont le travail explore la relation entre les humains et les machines à travers des interfaces interactives. Ses œuvres, souvent ludico-sensibles, permettent aux spectateurs de devenir co-créateurs, réagissant en temps réel aux actions du public. Ce faisant, l’Américain repousse les limites de la perception humaine via des installations interrogeant notre rapport aux nouvelles technologies. Actif depuis le milieu des années 1990, il ne fait aujourd’hui aucun doute que la capacité de Golan Levin à transformer des données complexes en expériences esthétiques immersives a très probablement pavé la route pour les générations actuelles, révolutionnant en partie la manière dont nous interagissons désormais avec l’art.
Helena Sarin : l’IA comme muse
Artiste et ingénieure, Helena Sarin est une pionnière dans l’utilisation des GAN (réseaux antagonistes génératifs) pour créer des œuvres qui brouillent les frontières entre réalité et fiction. Souvent nourris de ses expériences en tant qu’ingénieure en vision par ordinateur, ses travaux transforment des données abstraites en œuvres d’art profondément personnelles. Surtout, Sarin a la particularité d’exploiter les imperfections et les surprises générées par les algorithmes afin de dévoiler la partie imprévisible et émotive de la technologie. À travers ses œuvres, elle interroge ainsi la notion même de créativité au sein d’un monde toujours plus dominé par l’intelligence artificielle.
LIA : l’élégance algorithmique
Pionnière dans l’art génératif et numérique, LIA (ou LA) a créé une esthétique distincte qui conjugue code et abstraction. Souvent basées sur des algorithmes qu’elle développe elle-même, ses créations oniriques sont marquées par les mouvements subtils de motifs répétitifs. Chaque œuvre, chez elle, prend donc la forme d’une performance visuelle unique, où les algorithmes génèrent des paterns en temps réel. Rien d’étonnant, finalement, quand on sait que LIA témoigne d’une capacité sans pareille à injecter une sensibilité poétique dans des processus mathématiques complexes, rendant ses œuvres aussi hypnotiques qu’imprévisibles.
Joshua Davis : le chaos sous contrôle
Proche collaborateur de LIA, Joshua Davis est une figure emblématique de l’art génératif, reconnu à l’international pour ses compositions visuelles qui combinent rigueur algorithmique et improvisation graphique. Plus concrètement, disons que Joshua Davis utilise des scripts informatiques afin de générer des œuvres où se mêlent des motifs géométriques, des couleurs saturées et des éléments aléatoires. Longtemps inédite, cette approche lui permet encore aujourd’hui de produire des variations infinies à partir d’un seul code. Avec, en tête, toujours ce même objectif : montrer la beauté de l’aléatoire contrôlé. C’est donc en toute logique que l’Américain s’est imposé depuis les années 2000 comme l’un des artistes les mieux armés pour repousser les limites des logiciels de design afin créer un langage visuel inimitable.