Il y a quelques jours, le collectif français a dévoilé un tableau « néo-surréaliste » réalisé par une IA avec pour seul point de départ… l’imagination.
Après avoir battu des records et marqué l’histoire de l’art avec Le Portrait d’Edmond Bellamy. Après avoir créé un laboratoire autour de l’IA créative à la Sorbonne. Après s’être imposé sur la scène NFT internationale, le collectif Obvious revient secouer les mondes de l’art et de la tech avec un nouveau projet tout droit sorti d’un film de science-fiction : une intelligence artificielle capable de lire dans nos pensées.
Art et science : une envie réciproque
Inspirés des surréalistes qui couchaient leurs rêves sur la toile, Gauthier Vernier, Pierre Fautrel et Hugo Caselles-Dupré profitent de leur projet de recherche à la Sorbonne pour imaginer une expérience elle aussi, surréaliste. Avec, pour point de départ, un papier de recherche du MedARC sorti en mai 2023 portant sur la reproduction d’images vues par des sujets dans une IRM.
Les trois amis d’enfance ont alors une illumination : et si un algorithme pouvait s’appuyer sur l’activité d’un cerveau regardant des images pour reproduire lesdites images sans les voir ? Convaincu, le collectif – aidé de chercheurs – a ainsi placé un candidat dans une IRM en lui montrant des images de chevaux et d’avions des milliers de fois afin de créer un algorithme capable de décoder les activations du cerveau correspondant à tel ou tel objet montré. Une première étape importante, certes, mais pas très innovante, l’algorithme ne reproduisant que des images déjà existantes.
Une expérience encore limitée
Dans les semaines qui suivent, les trois trublions de l’art poussent le projet un peu plus loin afin de recréer des visuels purement issus de l’imagination des sujets étudiés. « On a décidé de construire notre propre jeu de données avec nos cerveaux, dans l’objectif d’extraire ce qu’il y a dans notre imagination à nous”, explique Hugo Caselles-Dupré à Usbek & Rica. On a décidé de s’attarder sur la création de portraits et de paysages. Nous avons donc dit à Pierre d’imaginer un paysage qui lui ferait penser à la colère, et il s’est imaginé un volcan. Puis on a vérifié si l’image associée créée par l’algorithme correspondait à un volcan ou pas. C’est comme ça qu’on a pu détourner l’utilisation de l’IA, et passer de la mémoire à l’imagination pure. »
Une proposition ambitieuse qui n’en est qu’à ses débuts, puisqu’elle est aujourd’hui limitée par des moyens physiques (tout le monde ne produit pas les mêmes images mentales), techniques, mais aussi éthiques. Pour Pierre Fautrel, l’expérience est en effet « extrêmement personnelle, pas loin d’être aussi intime que d’envoyer son ADN pour un test… (…) Sans compter que la stature de mon cerveau constitue une donnée médicale que je n’ai pas envie de lâcher dans la nature. »