Le digital est partout, même là où on ne soupçonne pas sa présence. Et il faudra désormais compter avec. C’est, en tout cas, ce que semble nous chuchoter la galerie Charlot avec la nouvelle exposition qu’elle prépare entre ses murs : Digit-All. Quatorze artistes internationaux ont été réunis pour en faire la démonstration du 7 septembre au 10 octobre.
De nos propres yeux, le constat est posé : le numérique a envahi les beaux-arts, les musées, les imaginaires… Faut-il s’en réjouir ou le déplorer ? Pour la galerie Charlot, qui s’est fixée la mission de porter ces « pratiques innovantes » sur le devant de la scène, la réponse est claire. Oui, le digital constitue un ensemble d’outils créatifs au même titre que les autres. Et oui, il faut continuer de leur faire une place. Et pas des moindres, mais à la hauteur de leurs apports.
Coup double
À Paris, la proposition curatoriale pose un regard historique voire archéologique sur l’art numérique autant qu’elle se veut une démonstration en acte de sa richesse esthétique.
Dialoguent, côte-à-côte, un Antoine Schmitt « héritier de l’art cinétique et cybernétique » éprouvant notre vision du réel dans des travaux nourris de science-fiction métaphysique, une Sabrina Ratté qui expérimente des formes spéculatives à partir de la vidéo analogique et de l’animation 3D ou encore un Quayola. Les compositions abstraites de ce dernier ne sont pas sans évoquer Monet ou rappeler l’influence du pointillisme sur le computer-art. C’est alors que se pose la question de l’ « oeuvre-zéro », de l’origine de l’art digital – si tant est qu’il y en a une.
« Le terme digital, «digit» se rapportant au doigt ou aux chiffres selon sa langue, définit cette notion de comptage, d’écriture algorithmique mais aussi de dimension immatérielle de l’objet » souligne le communiqué de l’expo, comme pour dire qu’il est potentiellement présent dès la peinture, la sculpture, le dessin… Si Digit-All orchestre une polyphonie de voix, on saisit que c’est pour célébrer l’art digital dans toutes ses résurgences. De Baron Lanteigne à Lauren Moffatt, disons-le : le régal est avant tout pour les pupilles.