Il y a sept ans déjà, le cinéaste argentin Eduardo “Teddy” Williams s’était fait remarquer avec son premier long métrage, The Human Surge. Alors que les aficionados attendaient avec impatience un second volet, il n’y en aura pas. Williams, un brin blagueur, passe directement au volume trois, tourné avec une caméra à 360 degrés, et réussit un joli coup de maître.
Le réalisateur reprend la même recette et recommence. Alors que le premier film de la série suivait un groupe de jeunes adultes en Argentine, au Mozambique et aux Philippines, le nouveau, The Human Surge 3, voyage au Pérou, à Taïwan et au Sri Lanka. Trois régions du monde très différentes au sein desquelles les grands adolescents sont confrontés aux mêmes problématiques : pénibilité du travail, univers restreints et quotidien banal sont sublimés par le traitement cinématographique unique du cinéaste. À commencer par le choix de son outil de travail : une caméra panoramique à 360° équipée de huit objectifs différents afin d’enregistrer des images en mouvement a priori destinées à être visualisées avec un casque de VR.
A priori, seulement. Car, si The Human Surge 3 a bel et bien été monté à l’aide d’un casque VR, le film est avant tout destiné aux écrans de cinéma traditionnel, faisant de l’utilisation détournée de la caméra panoramique un véritable marqueur distinctif : en salle de montage, Eduardo “Teddy” Williams devait notamment sélectionner ses plans en promenant son regard au cœur même de ce qu’il venait de tourner. À croire que, oui, définitivement, le réalisateur a refusé ici de choisir entre documentaire et art contemporain.
Démonstration technique
L’un des grands intérêts de The Human Surge, repéré il y a quelques jours au festival de Marrakech, est effectivement dans son traitement, presque vertigineux, qui donne l’impression de changer de dimension à chaque variation de pays, et qui contraste avec la trivialité des sujets évoqués par les protagonistes. Placée légèrement au-dessus de la tête des personnages, la caméra confère une place inattendue au spectateur, qui plane doucement au-dessus d’eux comme un spectre un peu voyeur.
Ce ne pourrait être qu’un effet de manche, une manière quelque peu séductrice de simplement attirer le regard. The Human Surge est au contraire l’occasion de prendre de la distance avec les fantasmes projetés sur ces pays considérés comme exotiques par l’Occident, que Williams ne tente ni de valider, ni de démentir : l’idée est plutôt ici de laisser le spectateur se faire embarquer et réfléchir, à son tour, à la question.