Présenté dans le cadre du festival MUTEK, à Montréal, l’œuvre Black Hole Experience de Kelly Nunes immerge les visiteurs à l’intérieur d’un trou noir. Une expérience troublante, qui doit autant à la science qu’à l’ésotérisme.
C’est l’un des grands mystères de l’univers. Étudié par les plus grands esprits de notre monde, fantasmé par les âmes les plus spirituelles, le trou noir est l’un des objets célestes favoris des artistes contemporains. Anish Kapoor, Antoine Bertin, Flavien Théry, Thomas Vanz et maintenant Kelly Nunes : tous ont exploré ou continuent de questionner la physique et les propriétés ésotériques des trous noirs afin de transformer l’art en un portail vers l’inconnu, en une expérience totale. Dans Black Hole Experience, l’expérience, justement, se veut plus immersive que jamais.
Le trou noir spirituel
Cinq projecteurs, un audio 5.1, deux lasers et un Kinect : voilà ce qu’il faut pour prendre en charge ce contenu vidéo génératif en temps réel, piloté par une entrée audio fixée sur le corps, ainsi que par une tablette. Ce support de base est ici aménagé à l’intérieur d’un vaisseau mobile et manœuvrable, lui-même régulièrement agrémenté de nouvelles expériences afin d’y intégrer les découvertes astronomiques les plus récentes. Bien que scientifiquement très pointue, Black Hole Experience n’invite non pas à réviser ses connaissances sur le cosmos mais bien à se réconcilier avec l’émerveillement que suscitent la nature et l’espace infini. Un projet itinérant et poétique, envoûtant et mystérieux, qui a déjà été couronné de succès à Chicago,
Au-delà du voyage spatial
Il faut dire que Kelly Nunes a eu du flair : dans cette installation multimodale, la physique des trous noirs est en effet un prétexte tout trouvé pour se pencher plus profondément sur l’effet transcendant que ces mystérieux « Black Holes » exercent sur la conscience collective. De grandes phrases qui impressionnent, certes, mais qui in fine ne veulent dire qu’une chose : Kelly Nunes écarte l’effrayant au profit du rêve.
Pour arriver à un tel rendu, le plasticien québécois s’est appuyé sur l’ouvrage à succès de Dax Dasilva, Age of Union, qui invite ses lecteurs à chercher la lumière dans l’obscurité, à troquer la peur contre la curiosité, à chercher le changement positif dans l’inconnu. Une inspiration qui a finalement donné naissance à une collaboration entre l’artiste et l’auteur dans l’idée de proposer, conjointement, un voyage spatial vertueux. L’avenir du développement personnel ?