Tout ce qui a un jour été nouvelle technologie a d’abord effrayé. Sans surprise, l’IA ne fait pas exception et excite autant qu’elle terrorise. L’exposition Hello, Human!, au MOCA de Tapei, à Taïwan, fait le même constat et invite une pléiade d’artistes renommés à exploiter ce sujet.
Fascinante, indéniable source d’espoir et de créativité, l’intelligence artificielle provoque également méfiance et crainte tant elle bouscule toutes nos connaissances du monde. Dans le milieu de l’art, c’est pareil, les œuvres créées à partir d’IA génératives semant le trouble tout en soulevant diverses questions d’authenticités et de valeurs.
Pour le commissaire de l’exposition Hello, Human!, Keith Lam, cette peur prend sa source dans les mythes les plus anciens. « Dans les vieilles légendes et mythologies, lorsque des objets inanimés prennent vie grâce à des techniques, le chaos et les désastres semblent toujours s’ensuivre, même si leur but initial est de fournir une assistance ou de protéger l’humanité. La morale de ces histoires est d’avertir l’homme au sujet des techniques débridées et des catastrophes qu’elles impliquent. »
Les utopies de l’IA
Pourtant, malgré la suspicion, la technologie séduit, comme les peintres du Quattrocento ont séduit les amateurs de beau par le passé, jusqu’à atteindre le tant désiré sublime. Ce sublime, depuis le XXe siècle, prend de nouveaux airs et devient, sous l’impulsion de nouveaux outils, le « techno-sublime ». Magnifiée par les artistes, la technologie permet non seulement d’envisager le monde futur comme une utopie, mais également de sensibiliser aux pouvoirs des algorithmes. « Il est déconcertant de constater les préjugés de contrôle et de survie liés au genre, à la race, à la pensée, à la parole, à la création, à l’histoire, au droit et à la politique, alors que le capital et le pouvoir monopolisent l’utilisation de l’IA », développe le commissaire.
C’est cette balance que tentent d’incarner les quinze artistes internationaux présentés au MOCA (Mario Klingemann, Daito Manabe, fuse*, Tim Wei, Morehshin Allahyari et Lev Manovich forment une partie de ce prestigieux casting !), mettant aussi bien en lumière les possibilités offertes par l’IA que les dangers qu’elle peut présenter grâce à un ensemble d’œuvres numériques, tantôt critiques, tantôt contemplatives, mais toujours poétiques.
- Hello, Human!, du 27 janvier au 12 mai 2024, Museum of Contemporary Art, Taipei, Taïwan.