De l’art numérique au gratin de la mode, il n’y a visiblement qu’un pas. Et ce n’est pas Cristian Poddighe, alias PARALLEL, qui dira le contraire.
Sacrée icône de la mode lors de la dernière édition des CFDA Awards 2024, le 21 novembre dernier, la chanteuse Erykah Badu est montée sur scène pour récupérer son prix de « Fashion Icon Awards » vêtue d’un tailleur noir signé Thom Browne. Réputée pour son jusqu’au-boutisme, l’auteure des classiques Baduizm (1997) et Mama’s Gun (2000) s’est également présentée sur scène coiffée d’une étrange couronne, décorée de dizaine d’amulettes lui entourant le visage. Un bijou de tête agrémenté d’un lourd piercing au septum recouvrant la bouche de l’artiste américaine réalisé par le créateur d’accessoires philippino-américain Chris Habana selon une œuvre d’art de Cristian Poddighe, aka PARALLEL.
Visions futuristes
Connu pour ses créations colorées rendant hommage à la pop culture, PARALLEL génère des images grâce à différents logiciels d’intelligence artificielle, qu’il poste en ligne sur son compte Instagram culminant à plus de 80 000 abonnés. Parmi ses fans, on trouve donc Erykah Badu. Laquelle, le 12 octobre, tombe sur un visuel qui retient illico toute son attention. Sur un fond bleu, on y voit une jeune femme virtuelle couverte d’un voile noir orné de bijoux. « Voici la façon correcte d’utiliser le travail de quelqu’un. J’avais un évènement très important, j’allais être sacrée Fashion Icon, et j’avais besoin de quelque chose de spécial, de sculptural, d’ancien et futuriste à la fois, raconte l’ex-compagne d’André 3000 (OutKast) dans une vidéo postée sur son compte Instagram. Je suis tombée sur le travail de cet artiste digital nommé PARALLEL, et il avait imaginé cette magnifique coiffe, alors j’ai décidé de le contacter ».
L’IA sur les tapis rouges
En message privé, comme n’importe quel fan, la chanteuse de 53 ans lui dit alors qu’elle « adore son art » avant de lui avouer que cela lui a inspiré « l’idée de créer une pièce dans la vrai vie. Pas pour la vendre, juste pour la porter ». Ce à quoi Cristian Poddighe a répondu avec enthousiasme. « C’était une véritable collaboration qui nous a poussés à créer de manière passionnante, raconte à son tour Chris Habana, chargé de donner vie à cette œuvre numérique, dans les colonnes de Vogue. La fusion du numérique et du physique nous a ouvert un nouveau domaine de créativité. » Un champ des possibles largement exploité par PARALLEL qui, depuis Milan, définit son art comme « une explosion audacieuse de pop, mêlant ironie et provocation dans des visuels audacieux ».
Si l’allure de la musicienne a largement été saluée par les fashionistas du monde entier, le travail de PARALLEL, centré autour des iônes religieuses et des figures historiques, a quant à lui pris un immense coup d’accélérateur. Une autre de ses œuvres, sorte de Medusa-disco issue de la série Feeling Good vient d’ailleurs d’être reprise par Art Basel Miami afin d’illustrer le visuel d’une exposition signée Red Eye World. Le début d’une reconnaissance artistique ? Le signe en tout cas que la création numérique s’immisce bel et bien dans chaque recoin de la société.