Tous les signaux semblent passés au rouge : inflation des prix, hausse des taux d’intérêt, crises diplomatiques, guerre en Ukraine… Voilà que le scénario de 2008 se répèterait et qu’il faudrait se préparer à un nouveau krash économique. Très bien, mais quelles seraient les conséquences pour le marché de l’art ?
Après le coup dur essuyé lors de la crise sanitaire, le marché de l’art s’est-il réellement relevé ? Pire, doit-il se préparer à affronter de nouvelles mésaventures, néfastes à sa dynamique ? Le marché de l’art semble en tout cas au bord du précipice, sujet à de nombreux chambardements. Si bien que le magazine The Art Newspaper, sous la plume de Ben Lewis, vient de sonner l’alerte, visiblement inquiété par un tas d’indices différents : un niveau des ventes aux enchères historiquement bas (moins 66% par rapport à l’année précédente chez Christie’s…), la faillite de grandes figures du marché qui se retrouvent sur la paille, l’effondrement du marché des NFT, la fermeture de quelques galeries (la Galerie Sakura à Paris, dernièrement…) des oeuvres de génies comme Basquiat reléguaient aux invendues…
L’art : une bulle à facettes ?
Aux yeux de Ben Lewis, les preuves avant-coureuses pullulent, et incitent le marché à serrer les dents. Si bien que le journaliste britannique n’hésite pas à brosser un parallèle avec le krash économique 2008 : simple réalisme ou déformation professionnelle ? Disons que Ben Lewis connaît bien le sujet, lui qui avait consacré le documentaire The Great Contemporary Art Bubble (« La grande bulle de l’art contemporain ») à cette crise.
Pour rappel, en 2008, tout s’est passé en l’espace de quelques mois, la bulle ayant éclaté après une apogée qui n’était finalement qu’apparente – ou plutôt, le symptôme d’abus spéculatifs… Selon The Art Newspaper, on est aujourd’hui très loin de ce qui s’est passé alors, le média soulignant qu’un « refroidissement est très différent de l’effondrement ». Aussi, Ben Lewis tient à relativiser : les ultra-riches grands acheteurs sont immunisés contre les ralentissements sporadiques de l’économie, précisant que même si « les taux d’intérêt augmentent, ils auront encore plus d’argent ». Traduction : si le constat est accablant pour 99% de la population mondiale, il est rassurant pour le marché…
Ben Lewis invite tout de même à maintenir un niveau d’attention élevé afin de ne pas être dupe ou pris au dépourvu. En effet, la spéculation, « l’argent facile » comme il dit, atteint à nouveau des sommets, ce qui n’est pas bon signe, celle-ci entraînant mécaniquement une « perte de confiance contagieuse ». Enfin, le journaliste rappelle que la bulle de l’art contemporain avait été la dernière à éclater en 2008. Raison de plus de guetter et anticiper dès les premiers signes, notamment dans d’autres secteurs, en ayant en tête ce que disait Karl Marx : « l’Histoire ne se répète pas, elle bégaie ». Un message de sagesse à interpréter au bon vouloir de chacun.