Au Centre Phi, à Montréal, cédons à la tentation de la chair avec Sexe, désirs et data : une exposition immersive qui met les machines en corrélation avec nos fantasmes inavoués. À voir jusqu’au 31 octobre.
D’entrée de jeu, Sexe, désirs et data nous jète dans le bain des jeux de séduction. La visite démarre en effet par une rencontre : celle de Max, un agent conversationnel non-genré et charmeur avec lequel on a « matché » sur une dating app. Son rôle ? Nous accompagner dans la découverte de nos désirs. Par là, le Centre Phi devient le théâtre d’une révolution où les technologies ne sont plus l’antithèse de la sensualité.
L’exposition prend en effet la forme d’un parcours multisensoriel et interactif imaginé par le Club Sexu, média et studio « spécialisé en sexualités » – notons qu’avec lui, le pluriel est de mise -, au sein duquel méditations intérieures et expériences charnelles alternent en totale harmonie.
Des désirs et des artistes
« Parler de sexualité, de genre et d’intimité de manière positive et inclusive » : c’est là la belle ambition annoncée par le Club Sexu. Pour récolter nos fantasmes les plus privés et ainsi révéler que ces derniers n’ont rien d’anormaux, un minitel rose 2.0 nous tend l’oreille dans le « Confessionnal », cet espace aménagé en retrait de l’exposition.
Dans un autre recoin, l’installation Vibrato de l’artiste-architecte Laura Mannelli nous met inversement à l’écoute des réactions du corps de l’autre. Réagissant au touché, cet organe de synthèse peut exprimer différentes émotions grâce à différentes vibrations. Au visiteur ensuite de traduire ces signaux : attirance ? Consentement ? Refus ?
Dans un autre ordre d’idée, l’oeuvre IA Results imaginée par Sandra Rodriguez et Édouard Lanctôt-Benoit passe en revue des millions de vidéos pornographiques disponibles sur le web. Elle en livre ensuite un condensé, à recevoir comme un miroir un peu dérangeant de la vision de la sexualité dominant sur le web. Globalement : misogyne, raciste, transphobe…
Ce kaléidoscope d’images invite à faire la différence entre nos désirs réels et l’apprentissage d’une sexualité dominante inculquée par ce genre de contenu qui sature la toile. A contrario, Sexe désir et data avance en creux, en toute délicatesse, l’idée d’un désir polymorphe, fluide, sans limites…